Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/374

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« Mon cher bourru,

« Ne cesserez-vous donc jamais de mériter votre vieux surnom ? Vous avez mis votre dessein à exécution, je pense ; or, quel en va être le résultat ? — Qu’on va crier de toutes parts après vous. — Le porteur de la présente est un jeune avocat bien rusé qui a porté une plainte formelle. Heureusement qu’il s’est adressé à un juge de nos amis. Pourtant, quelque favorables que fussent les dispositions de cet homme à votre égard, c’est avec la plus grande peine que la cousine Jenny et moi nous sommes parvenus à le maintenir de notre bord. Il commence à devenir craintif, soupçonneux, intraitable, et je crains que Jenny n’ait bientôt plus d’empire sur lui, malgré ses effrayants sourcils. Je ne sais quel conseil vous donner. — Le jeune homme qui vous remettra mon épître est un brave garçon, — et j’ai juré ma parole d’honneur qu’il n’éprouverait aucun mauvais traitement de votre part. — J’ai juré ma parole, remarquez bien ces mots, et songez que je puis être, dans l’occasion, aussi bourru qu’un autre. Mais je ne lui ai donné aucune assurance contre une courte captivité ; et, comme c’est un jeune drôle très-actif, je ne vois, pour remède, que de le retenir à l’écart jusqu’à ce que cette affaire du bon père B — — soit heureusement terminée : — plût à Dieu que tout fût déjà fini ! — Toujours à vous, quand même je devrais mériter une seconde fois le nom de

Tête-en-péril. »

« Que pensez-vous, jeune homme, du danger que vous avez failli courir si volontairement ?

— Il me paraît aussi étrange que les moyens extraordinaires dont il vous a plu de vous servir tout à l’heure pour découvrir les intentions de M. Maxwell.

— Ne vous inquiétez pas de la conduite que j’ai tenue ; j’étais suffisamment autorisé à faire ce que j’ai fait, et je ne crains aucune responsabilité. Mais, dites-moi, quels sont vos projets maintenant ?

— Je ne devrais peut-être pas vous les communiquer à vous dont la sûreté peut se trouver compromise.

— Je vous comprends ; votre dessein est d’en appeler au gouvernement actuel ? — Nous ne pouvons à aucun prix vous permettre de le faire ; — nous vous retiendrons plutôt de force à Fairladies.