Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/366

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

très-propres à montrer sa reconnaissance, mais en leur montrant combien il était fermement résolu à partir le lendemain, ou le jour suivant au plus tard. Ces dames firent plusieurs tentatives pour obtenir de lui qu’il restât, sous prétexte que sa santé l’exigeait ; mais le ton sur lequel elles s’exprimaient montrait qu’on voulait seulement l’arrêter le plus long-temps possible. Alors Fairford leur avoua franchement qu’il était chargé de dépêches importantes pour un gentilhomme connu sous les noms d’Herries, de Redgauntlet et du laird des lacs, et que c’était une affaire de vie et de mort de les remettre sans délai.

« J’ose dire, ma sœur Angélique, dit miss Arthuret l’aînée, que ce jeune homme est honnête, et s’il est réellement parent du père Fairford, nous ne pouvons courir aucun risque.

— Jésus Marie ! s’écria la sœur cadette. Oh fi ! sœur Séraphine, fi ! fi ! — Vade rétro. — Passez derrière moi.

— Fort bien ! mais ma sœur, — ma sœur Angélique, venez que je vous parle dans la galerie. »

Au froissement seul de leurs longues robes de soie, on se serait aperçu de la sortie des dames ; il se passa une bonne demi-heure avant qu’elles rentrassent, et leur visage portait une nouvelle empreinte d’importance et de fierté.

« Pour vous dire la vérité, monsieur Fairford, le motif qui nous porte à désirer que vous restiez ici, c’est — qu’il se trouve à présent, dans cette maison, un digne ecclésiastique…

— Un homme très-vénérable, vraiment…, dit la sœur Angélique.

— Un oint du Seigneur ! — repartit Séraphine, — et nous serions contentes que, pour l’acquit de notre conscience, vous pussiez causer un peu avec lui avant votre départ.

— Oh ! pensa Fairford, l’on se découvre enfin, — on a dessein de me convertir ! — Je ne dois pas offenser ces bonnes vieilles dames, mais je me serai bientôt débarrassé du prêtre, je pense. » — Il répondit alors à haute voix « qu’il s’estimerait heureux d’avoir un entretien avec une personne que ces dames comptaient parmi leurs amis ; — qu’en matière de religion, il avait le plus grand respect pour toutes les modifications du christianisme, quoique sa croyance, et il devait le dire, fût tout entière à la communion dans laquelle il avait été élevé ; pourtant s’il pouvait leur prouver le moins du monde son respect, en voyant cet ecclésiastique…