Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/359

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thuret, répliqua Nanty ; et nous désirons leur demander l’hospitalité pour un malade.

— Il est impossible de parler aux miss Arthuret à cette heure de la nuit, et vous pouvez bien conduire votre malade au médecin, » répliqua à son tour le portier d’un ton grognard ; « car aussi sûr que le sel a du goût et le romarin de l’odeur, vous n’entrerez pas : — prenez vos flûtes et allez en jouer ailleurs.

— Tiens, Dick, de jardinier es-tu donc devenu portier ? s’écria Skelton.

— Et comment savez-vous qui je suis ? » demanda vivement le domestique.

« Je vous ai reconnu à votre dicton, répondit l’autre. Quoi ! avez-vous oublié le petit Jack Skelton, et le fausset mis à certain baril ?

— Non, je ne vous ai pas oublié, répliqua la vieille connaissance de Jack Skelton ; mais les ordres sont positifs ; je ne dois ouvrir l’avenue à personne cette nuit, et en conséquence…

— Mais nous sommes armés et nous ne reculerons pas, dit Ewart. Écoutez un peu, camarade, ne vaudrait-il pas mieux pour vous d’accepter une guinée pour nous ouvrir, que de nous mettre dans le cas de briser la porte d’abord, et votre caboche ensuite, car je ne suis pas d’humeur à voir mon camarade mourir tranquillement à votre porte : — croyez ce que je vous en dis.

— Ma foi ! je ne sais que répondre. Mais quelle espèce de bétail est-ce que celui qui arrive ainsi au grand galop ?

— Bah ! ce sont nos amis de Bowness, de Stoniccultrum et des alentours : Jack Lowther, le vieux Jephson, le gros Will Lamplugh, etc.

— Hé bien ! aussi sûr que le sel a du goût et le romarin de l’odeur, j’aurais cru que c’étaient les troupiers de Carlisle et de Wigton, et cette crainte m’avait fait venir le cœur à la bouche.

— Je croyais que tu aurais distingué le bruit d’un baril du cliquetis d’un sabre, aussi bien qu’aucun ivrogne de tout le Cumberland, répondit Skelton.

— Allons, camarade, moins de langue et plus de jambes, s’il vous plaît, dit Nanty ; chaque moment que nous attendons est un moment perdu. Va trouver ces dames, et dis-leur que Nanty Ewart amène un jeune homme, porteur de lettres venant d’Écosse pour un certain gentilhomme d’importance dans le Cumberland — que les soldats sont en campagne ; que mon passager est