Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/349

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ble ! Toutes ces émeutes, tous ces tapages, qui, suivant vous, aplanissent vos voies, n’ont aucun rapport à votre cause ; et la meilleure manière de rétablir l’union dans tout le royaume serait d’y semer l’épouvante par une entreprise comme celle où ces vieux fous vont s’embarquer.

— Je ne suis vraiment pas admis dans les secrets dont vous parlez, » dit Fairford, et déterminé en même temps à profiter autant que possible de la disposition communicative de Nanty, il ajouta : « et si je les connaissais, je ne jugerais pas prudent d’en faire le sujet d’un entretien sérieux. Mais, j’en suis sûr, des hommes aussi sensés que Summertrees et le laird peuvent correspondre ensemble sans offenser l’État.

— Je vous y prends, l’ami, — je vous y prends, » s’écria Nanty Ewart, sur qui la boisson et le tabac semblèrent enfin produire un effet notable. « Quant à savoir si ces messieurs peuvent ou ne peuvent pas correspondre, nous pouvons, nous, prœter mittere la question, comme notre vieux professeur avait coutume de dire : et quant à Summertrees, je n’en dirai rien, car je sais que c’est un vieux renard. Mais je dis que ce coquin de laird est un brandon de discorde dans le pays ; qu’il soulève tous les honnêtes gens qui devraient boire tranquillement leur eau-de-vie, en leur contant des histoires sur leurs ancêtres et sur l’année 1745 ; qu’il cherche à faire venir toute l’eau à son moulin, et à déployer ses voiles à tous les vents. Et parce que les gens de Londres crient pour certains abus qui les regardent eux seuls, il se figure qu’il n’a qu’un signe à faire pour les entraîner après lui. Et il est encouragé par les uns qui veulent tirer quelque argent de lui, par les autres qui ont combattu jadis pour cette cause et seraient honteux de reculer, par ceux-là qui n’ont rien à perdre, et par ceux-ci qui sont fous et mécontents. Mais s’il vous a fait tomber vous, ou tout autre, je ne dis pas qui, dans ce piège avec l’espérance de faire quelque bien, sa dupe est un canard qui sert à en attraper d’autres, c’est tout ce que j’en puis dire ; et vous êtes tous des oisons, ce qui est pire que d’être des canards, attrapant ou attrapés : en conséquence, je bois à la prospérité du roi Georges III et de la vraie religion presbytérienne, et à la confusion du pape, du diable, et du Prétendant ! — Je vous dirai, M. Fairbairn, que je ne suis propriétaire que pour un dixième de ce petit joujou, Jenny la Sauteuse, — que pour un dixième. — je dois donc la diriger d’après les ordres de mes associés. Mais si je la