Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/336

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diano usu par similisque cæteris efficiebatur[1]. » Voilà ce que j’appelle parler clairement ; le vieux Romain s’y entend à merveille, M. Fairford. Soit dit en passant, vous avez là un fameux nom pour un homme de loi[2].

— Tout homme de loi que je sois, je ne comprends pas ce que vous voulez dire.

— Eh bien, alors, je peux m’y prendre d’une autre manière, aussi bien que ce vieil hypocrite, ce vieux coquin de Turnpenny le ferait lui-même. Sachez que je connais ma Bible autant que mon ami Salluste. » Il se mit alors, d’un ton nasillard et doucereux, à réciter le passage suivant de l’Écriture : « En conséquence, David partit, et se retira dans la caverne d’Adallam. Et tous ceux qui étaient dans la détresse, et tous ceux qui avaient des dettes, et tous ceux qui étaient mécontents, se réunirent autour de lui, et il devint leur capitaine. » — Que pensez-vous de cela ? » demanda-t-il en changeant soudain de ton. « Vous ai-je fait comprendre maintenant, monsieur ?

— Je vous comprends moins que jamais.

— Comment diable ! et vous êtes une frégate de correspondance entre Summertrees et le laird ! Dites cela aux soldats de marine, — les matelots ne le croiront pas[3]. Toutefois, vous avez raison d’être prudent, puisque vous ne savez pas à quelles gens vous fier, de quelles gens vous défier. — Mais vous avez l’air malade ; c’est seulement le froid du matin. — Voulez-vous une cruche de flip[4] ou un verre de rhumbo[5] bien chaud ? Voulez-vous plutôt rouler le gros câble ? » dit-il en montrant une bouteille d’eau-de-vie ; — « vous faut-il une chique, — une pipe — ou un cigare ? — une prise de tabac du moins, pour vous éclaircir le cerveau et vous ouvrir la compréhension ? »

Fairford rejeta toutes ces offres amicales.

« Eh bien, alors, continua Ewart, si vous ne voulez rien faire

  1. Catilina… avait autour de lui des bandes d’hommes corrompus et débauchés ; même si quelqu’un exempt de vices devenait son ami, une habitude journalière le rendait bientôt pareil et semblable aux autres. a. m.
  2. Fair beau, word, mot : fairword, belle parole. a. m.
  3. The sailors won’t believe it ; phrase proverbiale usitée parmi les marins ; cela signifie : vous pouvez mystifier un soldat de marine, mais un matelot ne vous croira pas. Les matelots anglais, sur les vaisseaux de guerre, regardent les soldats à bord comme bien au-dessous d’eux. a. m.
  4. Boisson composée de bière, d’eau-de-vie et de sucre, en usage parmi les gens de mer. a. m.
  5. Rhum, sucre et eau chaude. a. m.