Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/307

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ford, et reprenez votre verre ; nous avons réuni nos idées, et vous verrez que ce ne sera pas notre faute si vous n’êtes pas entièrement satisfait, et si M. Darsie Latimer ne redevient pas bientôt libre de mettre son violon sous son menton. Mais Summertrees pense qu’il faudra que vous couriez vous-même risque de votre personne, et peut-être la chose ne vous sourit-elle guère.

— Messieurs, répliqua Fairford, je ne reculerai certainement devant aucun péril pour parvenir à mon but : mais je me fie à vos consciences ; — à la vôtre, M. Maxwell, comme homme d’honneur et gentilhomme ; — à la vôtre, prévôt, comme magistrat et loyal sujet : vous ne me tromperez pas dans cette affaire.

— Quant à moi, dit Summertrees, je vous dirai la vérité sur-le-champ, et vous avouerai avec franchise que je puis certainement trouver moyen de voir Redgauntlet, le pauvre homme ! et que je le trouverai, si vous insistez le moins du monde ; que même je le conjurerai de vous traiter comme votre mission le demande ; mais le pauvre Redgauntlet est bien changé, — d’autant plus, qu’à vrai dire, son caractère n’a jamais été des meilleurs ; pourtant, je vous garantis que vous ne courrez pas un grand péril.

— Je m’en garantirai bien moi-même, répliqua Fairford, en me faisant accompagner d’une force convenable.

— Pour sûr, dit Summertrees, vous n’en ferez rien ; car, en premier lieu, croyez-vous que nous voulions livrer le pauvre diable entre les mains des Philistins, quand, au contraire, ma seule raison pour vous remettre la clef que je vais vous confier est le désir d’arranger les choses à l’amiable sur tous les points ? Et secondement, ses intelligences s’étendent si loin, et sont si habilement dirigées, que, si vous l’approchiez avec des soldats, ou des constables, ou des gens de cette espèce, je vous en réponds sur ma tête, jamais vous ne lui mettriez un grain de sel sur la queue. »

Fairford réfléchit un instant. Il considéra que parvenir à voir cet homme terrible et à connaître la position de son ami étaient des avantages qu’il ne pouvait acheter trop cher même à ses risques personnels. Il comprit parfaitement que, s’il adoptait la marche la plus sûre pour lui-même et recourait à l’assistance des lois, il n’obtiendrait certainement pas les renseignements dont il avait besoin pour se guider. Dans tous les cas, Redgauntlet serait averti du péril qui le menaçait, et probablement quitterait le pays, emmenant avec lui son prisonnier. Il répéta donc : « Je