Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/252

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berté, soit sur l’heure, soit du moins aussitôt que possible, après que vous aurez quitté ces lieux.

— Jeune homme, répliqua M. le juge Foxley, je voudrais que vous n’oubliassiez pas que vous êtes sous la puissance, — la légitime puissance, — hem ! — de votre tuteur.

— Il se donne en effet ce titre, répondis-je, mais il n’avance aucune preuve pour établir une prétention aussi absurde ; et, pût-il en avancer, sa position, comme traître convaincu, lorsqu’il n’a point obtenu sa grâce, lui enlèverait tous ses droits. Je vous prie donc, vous, M. le juge, et vous aussi, M. le greffier, de bien examiner ma situation, et de me prêter secours à vos risques et périls.

— Voici un jeune homme maintenant, » répliqua le juge de paix d’un air fort embarrassé, « qui s’imagine que je porte toutes les lois d’Angleterre dans ma tête, et un posse comitatus, pour les exécuter, dans ma poche. En vérité, à quoi bon servirait mon intervention ? — Mais, — hum ! — hé ! — je vais parler à votre tuteur dans vos intérêts. »

Il emmena M. Herries à l’écart, et sembla en effet le presser d’une façon assez vigoureuse, et peut-être une telle espèce d’intervention était-elle, dans la circonstance, tout ce que j’avais droit d’attendre de lui.

Ils me regardèrent souvent tandis qu’ils causaient ensemble ; et lorsque Cristal Nixon entra dans le salon avec un grand bol de quatre pintes, rempli du breuvage que son maître avait demandé, Herries se détourna de M. Foxley avec un geste d’impatience, et dit avec emphase : « Je vous donne ma parole d’honneur que vous n’avez rien à craindre pour son compte. » Il prit alors la cruche, s’en versa, et dit à haute voix en langue gaélique : « Slaint an rey[1] ! » Il goûta seulement la liqueur, et passa la cruche au juge Foxley. Celui-ci, pour s’éviter l’embarras de faire raison d’une santé qui pouvait être celle du Prétendant, vida son verre tout d’un trait, en portant un toast à M. Herries avec beaucoup de solennité.

Le clerc imita l’exemple de son patron, et je fus forcé de suivre aussi leur exemple ; car l’inquiétude et la crainte altèrent au moins autant que le chagrin, qui, dit-on, produit le même effet. En un mot, nous épuisâmes la composition d’ale, de vin de Xérès, de jus de citron, de muscade, et d’autres bonnes choses ; nous mîmes à

  1. À la santé du roi. a. m.