Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/207

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de silence. « En vérité, je ne suis plus bon à rien, maintenant ; et puisque Votre Seigneurie ou Votre Honneur, ou quelque autre nom qu’il faille vous donner, veut baisser tranquillement pavillon, je crois que vous le ferez mieux sans moi qu’avec moi ; car il se pourrait que je commisse une imprudence, j’en conviens ; mais je ne veux pas quitter mon poste sans ordres.

— Alors je vous ordonne, John Davies, de vous rendre directement à Mont-Sharon, et d’emmener le jeune Phil avec vous. Où est-il ?

— Il est en sentinelle avancée, qui épie ces infâmes brigands. Mais, qu’importe de savoir quand ils arriveront, si nous ne sommes pas disposés à les recevoir les armes à la main ?

— Nous ne nous servirons que des armes du bon sens et de la raison.

— Et vous pourrez aussi bien jeter de la paille au vent, que parler bon sens et raison à de pareilles canailles.

— Bien, bien, soit. — Maintenant, John Davies, je sais que tu es ce que le monde appelle un brave garçon, et je t’ai toujours trouvé honnête homme. Je te commande donc d’aller à Mont-Sharon, et de laisser Phil en vedette sur la côte ; — vois pourtant si le pauvre enfant a son manteau de mer — qu’il examine bien tout ce qui va se passer ici ; et qu’il aille ensuite vous en donner des nouvelles. Si l’on exerçait ici quelque violence contre ma propriété, je me fie à ta fidélité pour conduire ma sœur à Dumfries, jusque dans la maison de nos amis de Corsacks, et informer les autorités civiles de cet événement. »

Le vieux marin resta muet un instant. « Il est dur, dit-il, de laisser Votre Honneur dans le danger ; et pourtant, si je restais ici, je ne fêtais vraisemblablement que rendre le mal pire. D’ailleurs, il faut veiller sur miss Rachel, sur la sœur de Votre Honneur, il le faut assurément ; car si les coquins mettent une fois la main à la pâte, ils se porteront sur Mont-Sharon après avoir détruit et saccagé cette petite rade, où je croyais être à l’ancre pour la vie.

— Cela est très-vrai, John Davies ; et la prudence t’ordonne d’emmener les chiens avec toi.

— Oui, monsieur, oui, car ils partagent un peu mon opinion, et ne pourraient se tenir tranquilles s’ils voyaient commettre ici des brigandages. Elles attraperaient peut-être de mauvais coups, ces pauvres bêtes ! Que Dieu protège donc Votre Honneur. — Que