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de la société domestique à laquelle il était accoutumé, commença à souffrir de corps aussi bien que d’esprit. Il avait formé la résolution de se rendre en personne dans le comté de Dumfries, lorsque, après avoir été bourru, morose et même brutal envers ses clercs et ses domestiques à un point inusité et intolérable, l’acrimonie des humeurs détermina un violent accès de goutte, mal qui réussit toujours, comme on sait, à dompter les esprits les plus violents.

Nous laisserons pour le moment le vieux procureur prendre son mal en patience ; la suite de cette histoire prend, au chapitre suivant, une forme un peu différente du récit simple et de la correspondance épistolaire, quoique tenant de chacun de ces deux genres.


CHAPITRE III.

JOURNAL DE DARSIE LATIMER.


(L’espèce d’interpellation suivante était écrite derrière l’enveloppe qui contenait le journal).

« En quelques mains que ces feuilles puissent tomber, elles apprendront au lecteur l’histoire d’une certaine époque de la vie d’un infortuné jeune homme qui, au sein d’un pays libre, et sans qu’aucun crime lui soit imputé, a été et est encore soumis à une captivité illégale et violente. Celui qui ouvre ce journal est donc conjuré de se rendre auprès du plus proche magistrat, et suivant les indications que ces papiers pourront lui fournir, de s’employer à secourir un malheureux qui, outre tous les droits que donne l’innocence opprimée, éprouve encore le désir et possède les moyens de se montrer reconnaissant envers ses libérateurs. Si la personne qui lira ces lettres manque de courage ou de ressources pour obtenir l’élargissement de celui qui les écrit, elle est en ce cas conjurée par tout ce qu’un homme doit à ses semblables, par tout ce qu’un chrétien doit à celui qui professe la même foi, de prendre les plus promptes mesures pour faire passer ces documents par une voie rapide et sûre entre les mains d’Alan Fairford, écuyer-avocat, demeurant chez son père Alexandre Fairford, écuyer-écrivain du seing, Brown’s-Square, à Édimbourg. Il peut