Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/110

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fesse pas ouvertement la religion papiste, il lui garde toujours une petite place dans son cœur ; et ces deux raisons-là m’ont fait hésiter à le recommander à un jeune homme dont les opinions ne sont peut-être pas si solidement établies sur l’Église et l’État, qu’elles ne puissent être changées par quelque coup de vent soudain de doctrine. J’ai observé, M. Darsie, que vous n’étiez pas très-pur du vieux levain de l’épiscopat, soit dit avec votre permission ; et quoique, à Dieu ne plaise, vous ne soyez en aucune façon malintentionné pour la ligne protestante de Hanovre, pourtant vous avez toujours aimé à entendre les magnifiques et merveilleuses histoires que les gentils-hommes montagnards racontent sur ces temps de trouble, et qu’ils feraient mieux de taire, si la chose leur était possible, vu qu’elles tendent à les couvrir plutôt de honte que d’honneur. Il m’est venu aussi, par un vent de côté, comme je puis le dire, que vous avez vécu avec certaines gens de la secte pestiférée des quakers plus intimement qu’il n’était besoin, — bande qui ne reconnaît ni prêtre, ni roi, ni magistrat civil, ni recueil de lois, pas même le nôtre ; et qui refuse de déposer soit in civilibus, soit in criminalibus, s’inquiétant peu du dommage qu’ils peuvent causer ainsi à de loyaux sujets ; à propos desquelles hérésies il vous serait utile de lire le Serpent sous l’herbe, ou le Pied hors du piège, deux traités fort estimés touchant ces doctrines.

Maintenant, M. Darsie, vous jugerez vous-même si vous pouvez, sans compromettre le salut de votre âme, demeurer plus long-temps parmi ces papistes et ces quakers, avec des défections à votre droite et des chutes à votre gauche. D’autre part, s’il vous est possible en conscience de résister à ces mauvaises doctrines, je crois que vous pouvez aussi bien demeurer dans les lieux où vous êtes, jusqu’à ce que vous voyiez M. Herries de Birrenswork, lequel en sait assurément plus long sur vos affaires qu’il n’en a jamais été, je pense, communiqué à personne en Écosse. J’aurais bien voulu apprendre de lui quelques confidences sur ces matières ; mais je l’ai trouvé mal disposé à parler, comme je peux vous l’avoir déjà dit.

Pour appeler une nouvelle cause, — j’ai le plaisir de vous annoncer qu’Alan a passé ses examens privés sur les lois écossaises au contentement de ses juges — grand soulagement pour mon esprit ; d’autant plus que le digne M. Pest m’a dit à l’oreille qu’il n’y avait rien à craindre pour le « gaillard », comme il l’appelait fami-