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Cependant j’avais un guide et un cicérone presque égal en mérite à Great-Hoar dans le voyage du Pèlerin. Ce n’était rien moins que Donald Mac Leish, le postillon que je louai à Stirling avec deux chevaux robustes, aussi sûrs que Donald lui-même, pour conduire ma voiture, ma duègne et moi partout où il me plairait d’aller.

Donald Mac Leish était de cette race de postillons dont je présume que les diligences et les bateaux à vapeur ont fait passer la mode. On les trouvait principalement à Perth, à Stirling et à Glasgow. C’est là que les voyageurs avaient coutume de les louer pour les excursions que les affaires ou le plaisir leur faisaient entreprendre dans le pays des montagnes. Un homme de cette classe ressemblait assez pour le caractère à ce que, sur le continent, on appelle le conducteur ; ou bien encore, il pourrait être comparé au pilote d’un bâtiment de guerre britannique, qui suit à sa manière la direction ordonnée par le capitaine. Vous n’aviez besoin que d’expliquer à votre postillon le but et la longueur de votre voyage ; il savait parfaitement choisir les lieux de repos, et il mettait la plus grande attention à ce que ce choix fût de nature à vous offrir toutes les commodités, et à satisfaire votre curiosité à l’égard des objets que vous pouviez désirer de connaître.

Le mérite d’un tel personnage était nécessairement bien supérieur à celui du « first ready, » qui parcourt trois fois par jour les mêmes dix milles au galop. Outre que Donald Mac Leish était extrêmement alerte à réparer tous les accidents ordinaires qui arrivent aux chevaux et aux voitures, et à inventer des expédients pour les nourrir de galettes et de gâteaux d’avoine dans les endroits où le fourrage était rare, c’était un homme très-pourvu de ressources intellectuelles. Il possédait une connaissance générale des traditions historiques du pays qu’il avait parcouru si souvent, et, pour peu qu’il fût encouragé (car Donald était un homme doué de tout le décorum de la réserve et de la discrétion), il était toujours prêt à vous montrer les lieux où s’étaient livrées les principales batailles entre les divers clans, et à vous raconter les faits les plus remarquables qui avaient rendu ces lieux célèbres. Il y avait beaucoup d’originalité dans la tournure de ses idées et dans sa manière de s’exprimer ; et son goût naïf pour les légendes contrastait étrangement avec la subtilité d’esprit ordinaire aux hommes de sa profession : et cela ne laissait pas de rendre sa conversation fort amusante.