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LES CHRONIQUES DE LA CANONGATE.

ger la chose, que je regrettai qu’il fût trop tard pour trouver un commissionnaire disposé à porter cette lettre à sa destination.

Avec le frais matin vint la réflexion.

Je songeai que je devais réellement à Christie cette somme et peut-être davantage : car elle avait prêté tout ce qu’elle possédait à ma mère dans un moment de besoin urgent. Or, l’offrir d’une manière aussi leste serait vraisemblablement un moyen certain d’empêcher une femme aussi susceptible et aussi pointilleuse d’accepter le remboursement d’une dette légitime, et que j’avais à cœur d’acquitter. Sacrifiant donc sans beaucoup de regret mon premier projet, qui, au grand jour, me souriait beaucoup moins que la veille à la lueur d’une chandelle, et sous l’influence du porter, je résolus d’employer M. Fairscribe, comme intermédiaire, pour acheter le bail de la petite auberge, et l’assurer à Christie d’une manière plus convenable à sa délicatesse. Tout ce que j’ai besoin d’ajouter, c’est que mon plan réussit, et que la veuve Steele tient encore l’auberge des Armes de Treddles. Ne dites donc pas, lecteur, que j’ai manqué de sincérité envers vous ; car, si je n’ai pas dit le mal, tout le mal que j’ai pu faire, je vous ai indiqué une personne disposée à suppléer à mon silence, en vous racontant toutes mes fautes, ainsi que mes malheurs.

Quant à l’idée de racheter une portion du domaine de mes ancêtres, j’y renonçai totalement, et, comme le jeune Norval à l’égard de Glenalvon[1], je résolus de suivre le conseil de Christie Steele, bien qu’il m’eût été donné assez durement.






CHAPITRE V.

m. croftangry s’établit dans la canongate.


Si vous voulez connaître ma demeure, elle est ici tout près, où vous voyez ce bouquet d’oliviers.
Shakspeare. Comme il vous plaira.


C’est par une révolution d’idées que je ne puis expliquer, et par suite du désappointement raconté dans le chapitre précédent,

  1. Allusion à un passage de la tragédie de Douglas, de Home. a. m.