Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/301

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« Je suis heureux de trouver cette occasion, dit Middlemas, voyant que le général ne parlait pas, pour offrir mes remercîments au général Witherington envers qui je ne pourrai jamais témoigner assez de gratitude. »

Le son de sa voix, quoiqu’il prononçât des paroles si indifférentes, sembla détruire le charme qui retenait sa mère immobile. Elle poussa un profond soupir, prit une attitude moins roide, et se laissa retomber sur les coussins. Au bruit du soupir et au frémissement de la draperie, Middlemas tourna les yeux vers elle. Le général se hâta de prendre la parole.

« Ma femme, monsieur Middlemas, ne s’est pas bien portée ces jours-ci… votre ami, M. Hartley, a pu vous le dire… c’est une affection nerveuse. »

M. Middlemas s’empressa d’assurer qu’il était fort chagrin, vivement affligé.

« Nous avons éprouvé des malheurs dans notre famille, monsieur Middlemas, et s’ils n’ont pas eu des suites plus fâcheuses et plus affligeantes encore, c’est grâce à l’habileté de votre ami M. Hartley. Nous serons heureux s’il est en notre pouvoir d’acquitter une partie de nos obligations par des services rendus à son ami et protégé, monsieur Middlemas.

— Je suis seulement connu comme son protégé, pensa Richard ; mais il dit que tout le monde devait porter envie à la bonne fortune qu’avait eue son ami, d’être utile au général Witherington et à sa famille.

— Vous avez reçu votre commission, je présume ? Avez-vous quelque souhait ou désir particulier au sujet du lieu de votre destination ?

— Non, avec la permission de Votre Excellence, répondit Richard. J’imagine que Hartley aura informé Votre Excellence de ma triste position… il vous aura peut-être dit que je suis un orphelin, abandonné par ses parents qui l’ont jeté dans le monde, un proscrit, qui n’est connu de personne, dont personne ne s’inquiète, sinon pour désirer qu’il s’en aille assez loin, et qu’il vive assez obscurément pour ne pas les déshonorer par la proximité des liens qui les unissent à lui. »

Pendant qu’il parlait, Zilia se tordait les mains, et elle laissa tomber son voile de mousseline sur sa figure, pour étouffer les sanglots que lui arrachait une poignante douleur.

« M. Hartley n’a pas été fort communicatif sur vos affaires, dit