Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/285

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ancien compagnon ; il se rappelait le ton de supériorité qu’il avait coutume de prendre à l’égard d’Adam ; et l’idée qu’il gisait ainsi couché à ses pieds, et pour ainsi dire à sa merci, aggravait sa douleur. Sa pensée était celle du chef mourant… « Le comte Percy voit ma chute. » C’était pourtant une émotion trop déraisonnable pour durer plus d’une minute. Bientôt, il se servit de la langue latine qui leur était familière à tous deux (car, à cette époque, les études médicales, à la célèbre université d’Édimbourg, se faisaient presque toujours en latin)… il s’en servit, dis-je, pour raconter en peu de mots sa propre folie, ainsi que la conduite infâme d’Hillary.

« Il faut que je parte à l’instant, dit Hartley… Prenez courage… J’espère pouvoir vous secourir. En attendant ne recevez ni nourriture ni remèdes d’une autre main que de celle de mon aide, que vous voyez là une éponge à la main. Vous êtes dans un lieu où l’on a ôté la vie à un homme pour lui prendre les boutons d’or qu’il portait à ses manches.

— Attendez encore un moment, dit Middlemas… Que j’éloigne cette tentation de mes dangereux voisins. »

Il tira un petit paquet de la poche intérieure de son gilet, et le remit à Hartley.

« Si je meurs, dit-il, soyez mon héritier. Vous la méritez mieux que moi. »

Toute réponse fut empêchée par la voix rauque de Seelen Cooper.

« Eh bien ! docteur, tirerez-vous votre malade d’affaire ?

— Les symptômes sont encore douteux, » répliqua le docteur.. C’était un évanouissement dangereux. Il faut le faire transporter dans la salle particulière, et mon jeune homme le soignera. »

— À coup sûr, si vous le commandez, docteur, c’est qu’il y a nécessité… mais je puis vous dire qu’une certaine personne, bien connue de nous deux, a mille raisons au moins pour qu’il demeure dans la salle commune.

— Je n’entends rien à vos mille raisons, répliqua Hartley ; je puis seulement vous dire que ce jeune drôle est aussi bien membre, aussi bel homme que tous ceux qui composent les recrues de la compagnie. Mon devoir est de le sauver pour qu’il la serve, et, s’il meurt par votre négligence, comptez que je n’en laisserai pas jeter le blâme sur moi. J’informerai le général de l’ordre que je vous ai donné.