Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/254

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— Parlez pour vous-même, s’il vous plaît, M. Adam Hartley. Je ne suis pas né paysan, comme certaines personnes, et je ne me gênerais guère, si je le trouvais convenable, pour parler au plus fier de ces grands seigneurs comme à un égal, et pour me faire comprendre encore.

— Mais, oui, vraiment, » répondit Hartley perdant patience ; « vous êtes en droit de prendre rang parmi eux, parbleu… Middlemas de Middlemas !

— Misérable ! » s’écria Richard se jetant en furie sur Adam ; car son humeur caustique s’était entièrement changée en rage.

« Retirez-vous, dit Hartley, ou vous allez vous en repentir ; si vous m’attaquez par de grossières plaisanteries, il faut que je me défende par des réponses dures.

— J’aurai satisfaction de cette insulte, par le ciel !

— Eh bien, soit, si vous y tenez, répliqua Hartley ; mais, mieux vaut, je pense, en rester là sur cette affaire. Nous avons dit l’un et l’autre des choses que nous aurions mieux fait de ne pas dire. J’ai eu tort de vous parler comme j’ai parlé, quoique vous m’eussiez provoqué… Et, maintenant, je vous ai donné toute la satisfaction que peut exiger un homme raisonnable.

— Monsieur, reprit Middlemas, la satisfaction que je demande est celle d’un homme bien né… le docteur a une paire de pistolets.

— Et une paire de mortiers aussi, que je laisse très-volontiers à votre disposition, messieurs, » dit M. Grey en sortant de derrière un buisson d’où il avait entendu toute cette dispute ou la plus grande partie. « La belle histoire que ce serait là, si mes apprentis tiraient l’un contre l’autre avec mes propres pistolets ! Que je vous voie du moins capables tous deux de panser une blessure d’arme à feu, avant que vous songiez à en faire une ! Allons, vous êtes vraiment tous deux de jeunes fous, et je ne puis trouver bon que vous mêliez le nom de ma fille à des disputes de ce genre. Entendez-vous, messieurs, vous me devez l’un et l’autre, je pense, quelque peu de respect et même de gratitude… Ce serait mal me récompenser, si, au lieu de vivre tranquillement avec cette pauvre fille, qui n’a plus de mère, comme vivraient des frères avec une sœur, vous m’obligiez à augmenter ma dépense et à diminuer mon bonheur, en reléguant mon enfant loin de moi, pour quelques mois que vous avez à rester dans ma famille… Que je vous voie vous serrer la main, et ne recommençons plus ces sottises. »

Tandis que leur maître parlait de cette manière, les deux