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vous trouviez à y rester ?… Je vous le répète, Dick, c’est un méchant et vilain endroit que notre village de Middlemas. Dans le plus petit bourg d’Angleterre, toute personne décente serait invitée, si le membre du parlement y donnait un bal.

— Quoi ! Hartley, répliqua son camarade ; est-ce bien vous qui briguez l’honneur de faire société avec les premiers nés de la terre ? Sur ma foi ! comment un pauvre Northumberlandais s’en tirerait-il ? » En prononçant ces mots, il donna le véritable accent du nord à la lettre R… «« Il me semble vous voir, revêtu de votre habit vert pois, danser une gigue avec l’honorable miss Maddie, Mac Fudgeon, tandis que les chefs et les thanes riraient autour de vous comme s’ils voyaient un porc sous les armes !

— Vous ne me comprenez pas, ou peut-être ne voulez-vous pas me comprendre, reprit Hartley. Je ne suis pas assez fou pour désirer d’être compère et compagnon avec ces gens-là… Je me soucie aussi peu de ces nobles qu’ils se soucient de moi. Mais, puisqu’ils trouvent bon de ne pas nous inviter à danser, je ne vois pas ce qu’ils ont à faire avec nos danseuses.

— Nos danseuses, dites-vous ! repartit Middiemas ; je ne pense pas que Menie soit souvent la vôtre.

— Aussi souvent que je l’invite, » répliqua Hartley un peu fièrement.

« Oui-da ? vraiment !… je ne l’ai jamais pensé… et puissé-je être pendu si je le pense jamais, » dit Middlemas, avec le même ton d’ironie. « Je vous dis, Adam, et je vous gage un bol de punch, que miss Grey ne dansera pas avec vous la première fois que vous l’inviterez : tout ce que je demande, c’est de connaître le jour.

— Je ne parierai pas à propos de miss Grey, dit Adam ; son père est mon maître, et je lui ai des obligations… Je pense que j’agirais malhonnêtement si j’allais faire de sa fille le sujet d’une sotte dispute entre vous et moi.

— Fort bien, répliqua Middlemas ; il vous faut terminer une querelle avant d’en commencer une autre. Sellez votre cheval, je vous prie… courez à la porte du château de Louponheight, et défiez le baron à un combat à mort, pour avoir osé toucher la jolie main de Menie Grey.

— Je voudrais qu’il ne fût pas question davantage du nom de miss Grey ; que vous portassiez en votre nom vos défis à vos gentilshommes, et que vous vissiez ce qu’ils répondront à l’apprenti d’un chirurgien.