Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/248

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lings pour vingt cachets. En ces occasions, chacun des élèves du docteur Grey recevait sa part d’éloges. Hartley dansait avec plus de feu, Middlemas avec plus de grâce. M. M’Fittoch aurait opposé Richard à tout le pays dans le menuet, et parié en sa faveur la chose qui lui était la plus chère au monde, à savoir sa pochette ; mais il avouait que dans les hornpipes, les jigs, les strathspeys et les reels[1] Hartley lui était supérieur.

Hartley, pour sa toilette, dépensait davantage, peut-être parce que son père lui en fournissait les moyens. Mais ses habits n’étaient jamais d’aussi bon goût dans leur nouveauté, ni conservés aussi bien, quand ils commençaient à vieillir, que ceux de Richard Middlemas. Adam Hartley était parfois bien mis, mais plus souvent un peu négligé ; et, dans le premier cas, il paraissait un peu trop faire attention à sa splendeur. Son camarade était toujours d’une excessive propreté, toujours bien habillé, tandis qu’en même temps il avait un air de bonne compagnie, qui le mettait à son aise partout ; de sorte que son costume, quel qu’il fût, paraissait être précisément celui qui convenait à la circonstance.

Dans leur extérieur, il y avait une différence encore plus fortement marquée. Adam Hartley était d’une taille plus que moyenne, vigoureux et bien proportionné ; il avait une figure ouverte, d’après le véritable type saxon, qui se montrait à travers une forêt de cheveux châtains et bouclés lorsque les ciseaux du coiffeur l’épargnaient trop long-temps. Il aimait les exercices violents, se plaisait à lutter, à boxer, à sauter, à jouer du bâton, et fréquentait, quand il pouvait en trouver le loisir, les combats de taureaux et les parties de ballon dont le bourg était quelquefois régalé.

Richard, au contraire était brun comme son père et sa mère : ses traits étaient nobles et d’une régularité parfaite ; mais ils présentaient en quelque sorte un caractère étranger ; son corps était grand et mince, quoique musculeux et robuste. Son excellent ton et ses manières élégantes devaient lui être naturels ; car il surpassait de beaucoup, pour la tournure et l’aisance, tous les modèles qu’il pouvait avoir trouvés dans son village natal. Il s’exerça à manier l’épée pendant qu’il était à Édimbourg, et prit des leçons d’un acteur pour apprendre à bien parler. Il devint aussi amateur de spectacle, fréquentant avec régularité les théâtres, et s’exerçant à la critique dans ce genre de littérature, et dans d’autres plus légers. Pour achever le contraste en ce qui

  1. Nom des danses écossaises. a. m.