Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/244

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parlé des circonstances mystérieuses de sa naissance, et de la perspective douteuse qui s’ouvrait devant lui, il amena aisément le clerc à causer des fonds qui se trouvaient entre les mains de son tuteur : il apprit ainsi le montant exact de la somme, qui correspondait à celui qu’on lui avait déjà annoncé. Il sonda ensuite le digne scribe sur la possibilité de réaliser le désir qu’il avait d’entrer dans l’armée ; mais il reçut une nouvelle confirmation du fait que lui avait révélé M. Grey : car M. Lawford lui apprit aussi qu’aucune partie de l’argent ne pourrait être mise à sa disposition avant l’âge voulu, et pas même alors sans le consentement spécial de ses deux curateurs, et particulièrement de celui qui l’avait élevé. Il prit donc congé du clerc qui, approuvant la manière circonspecte dont Richard avait parlé, et son choix prudent d’un conseiller à cette époque critique de la vie, lui annonça que, s’il choisissait l’étude du droit il le recevrait dans son étude comme apprenti, moyennant une très-modique somme : il se proposait de renvoyer Tom Hillary pour lui faire place, attendu que le drôle « faisait trop ses embarras, et l’ennuyait en lui parlant toujours de sa pratique anglaise, dont on n’avait rien à faire de ce côté de la frontière… grâce à Dieu ! »

Middlemas le remercia de sa bonté, et promit de songer à son offre obligeante, dans le cas où il se déciderait à embrasser la carrière du barreau.

En quittant M. Lawford, Richard alla trouver Tom Hillary, qui était alors dans l’étude. C’était un garçon d’une vingtaine d’années, aussi éveillé d’esprit que petit de taille, mais se distinguant par le soin avec lequel il arrangeait ses cheveux, et par la splendeur d’un chapeau à galons et d’un gilet brodé, avec lesquels il se pavanait les dimanches dans l’église de Middlemas. Tom Hillary avait d’abord été clerc de procureur à New-Castle-sur-Tyne ; mais, pour telle ou telle raison, il avait depuis peu trouvé plus convenable de passer en Écosse, et s’était fait bien venir du clerc du bourg de Middlemas, par le soin qu’il mettait à tenir les registres de la commune, et par la beauté de son écriture. Il n’est pas invraisemblable que le procès-verbal constatant les circonstances singulières de la naissance de Richard Middlemas, et la certitude qu’il était réellement possesseur d’une somme d’argent considérable, portèrent Hillary, quoique beaucoup plus âgé, à recevoir Richard dans sa compagnie, et à enrichir son jeune esprit de certaines connaissances que sans lui, dans ce village aussi