Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/241

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— Tom Hillary dit que le clergé vit de nos péchés, la justice de nos sottises, et la médecine de nos maladies… toujours en vous priant de m’excuser, monsieur.

— Tom Hillary, s’écria le docteur, mériterait qu’on le chassât du bourg ; un vrai pendard de clerc de procureur, échappé de New-castle ! Si je l’entends jamais parler ainsi, je lui apprendrai à traiter avec plus de respect les professions savantes. Qu’il ne soit plus question de ce Tom Hillary, que vous avez beaucoup trop fréquenté ces derniers temps. Réfléchissez un peu, comme un garçon de sens, et dites-moi quelle réponse je dois donner à M. Monçada.

— Répondez-lui, » répliqua le jeune homme, en quittant le ton d’ironie affecté pour y substituer celui de l’orgueil blessé, — « répondez-lui que mon âme se révolte à l’idée de la vie obscure qu’il me recommande. Je suis déterminé à suivre la carrière de mon père, celle des armes, à moins que mon aïeul n’aime mieux me recevoir dans sa maison, et me laisser prendre le même état que lui.

— Oui, et vous faire son associé, je suppose, et vous reconnaître pour son héritier ?… reprit le docteur ; chose extrêmement probable, sans doute, vu la manière dont il vous a élevé jusqu’à présent, et les termes dans lesquels il m’écrit maintenant à votre sujet.

— Alors, monsieur, il est une chose que je puis vous demander, répliqua le jeune homme. Vous avez entre les mains une somme considérable d’argent qui m’appartient ; et puisqu’elle vous a été confiée pour mon usage, je vous prie de me faire les avances nécessaires pour acheter une commission dans l’armée… de me tenir compte du reste… et ainsi, en vous remerciant de vos faveurs passées, je ne vous importunerai plus à l’avenir.

— Jeune homme, » dit gravement le docteur, «je suis peiné de voir que votre prudence et votre bonne humeur habituelles ne soient pas à l’épreuve du renversement de quelques folles espérances que vous n’aviez pas le moindre motif de concevoir. Il est vrai qu’il existe une somme qui, malgré diverses dépenses, peut encore se monter à mille livres sterling ou plus, et qui demeure entre mes mains dans votre intérêt ; mais je ne puis en disposer que suivant la volonté du donateur, et, en tout cas, vous n’avez aucun droit de la réclamer avant d’avoir atteint l’âge de discrétion : époque dont vous êtes encore éloigné de six ans, aux termes de la loi, et que, dans un autre sens, vous n’atteindrez jamais, à moins