Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/218

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jusqu’à ce qu’il lui plût de l’ôter. Elle comprit, car elle essaya, en répondant, mais d’une manière fort imparfaite, dans la même langue, d’exprimer sa reconnaissance pour une pareille permission, car elle semblait croire que c’en était une.

Le docteur procéda sans délai à d’autres arrangements. Pour la satisfaction des lecteurs qui peuvent aimer les détails minutieux, nous dirons que la mère Simson, la première arrivée, obtint pour prix les fonctions de garde malade ; Peg Tamson ou Tompson jouit du privilège de recommander sa belle-fille, Bet Jamieson, comme nourrice ; et une petite fille de la mère Jaup fut prise à gages pour aider à faire le surplus d’ouvrage dans la maison. Ainsi le docteur, en ministre expérimenté, partagea entre ses fidèles adhérents les avantages que la fortune mettait à sa disposition.

Vers une heure du matin, le docteur se présenta à l’auberge du Cygne : introduit près de l’étranger, il lui annonça qu’il avait le bonheur d’être père d’un gros garçon, et que la mère était, suivant la phrase consacrée, aussi bien que possible.

L’étranger apprit cette nouvelle avec un air de satisfaction ; puis il s’écria. « Il faut qu’il soit baptisé, docteur, qu’il soit baptisé sur-le-champ.

— Il n’est pas besoin de se presser, répliqua le docteur.

— Nous pensons autrement, reprit l’étranger, coupant court à toute discussion. « Je suis catholique, docteur, et comme je puis être obligé de quitter cet endroit avant que madame soit en état de voyager, je désire voir mon enfant reçu dans le sein de l’Église. Il y a, m’a-t-on dit, un prêtre catholique dans ce misérable village ?

— Oui, monsieur, il y a ici un catholique, un M. Goodriche, qui est, dit-on, dans les ordres.

— J’approuve votre prudence, docteur, répliqua l’étranger ; il est dangereux d’être trop positif. Je mènerai demain chez vous ce M. Goodriche. »

Grey hésita un moment. « Je suis protestant presbytérien, monsieur, répliqua-t-il, ami de la constitution introduite dans l’Église et dans l’État, comme j’ai bien droit de l’être, puisque j’ai reçu la paie de sa Majesté (Dieu la bénisse !) pendant quatre ans, en qualité d’aide-chirurgien dans le régiment caméronien, ainsi que ma Bible régimentale et mon brevet peuvent en faire foi. Mais, quoique je sois spécialement tenu d’éviter tout com-