Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/157

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une vie qui ne vous offrira ni peines ni douleurs. Y a-t-il quelque autre chose que je puisse faire pour vous ? »

Le jeune homme regarda les boutons de ses manches de chemise. Ils étaient d’or. C’était peut-être le reste d’un butin pris par son père à quelque officier anglais pendant les guerres civiles. Le ministre les détacha.

« Ma mère ! » s’écria-t-il avec un effort pénible, « donnez-les à ma pauvre mère ! Voyez-la, mon père, et apprenez-lui ce qu’elle doit penser de tout ceci. Dites-lui qu’Hamish Beam éprouve plus de joie de mourir que jamais il n’en ressentit à se reposer un long jour de chasse. Adieu, mon père, adieu ! »

Le bon prêtre eut à peine la force de s’éloigner de ce lieu fatal. Un officier s’avança et lui offrit son bras pour le soutenir. Jetant alors un dernier regard vers Hamish, il l’aperçut agenouillé sur le cercueil. Le peu de personnes qui l’avaient entouré d’abord s’étaient retirées. Le signal fut donné Le rocher retentit du bruit de la décharge : Hamish tomba, poussant un gémissement, et expira sans probablement sentir l’agonie de la mort.

Dix ou douze soldats de sa compagnie s’avancèrent alors, et déposèrent avec un respect solennel les restes de leur camarade dans le cercueil, tandis que les tambours battaient de nouveau la marche funèbre, et que les soldats des différentes compagnies, marchant sur une seule file, passaient un à un devant le cercueil, afin que tous pussent recevoir de ce spectacle terrible la leçon qu’il était destinée leur donner. Le régiment se mit alors en marche, et remonta l’antique rocher, la musique, suivant l’usage ordinaire, faisant retentir l’air de sons joyeux, comme si la douleur et même la tristesse ne devaient séjourner que le moins de temps possible dans l’âme d’un soldat.

Pendant ce temps, le petit détachement, dont on a déjà parlé, porta le corps du malheureux Hamish à son humble tombe creusée dans un coin du cimetière de Dunbarton, ordinairement réservé aux criminels. Là, parmi la poussière des coupables, repose un jeune homme dont le nom, s’il eut survécu aux événements funestes qui le poussèrent à sa perte, aurait orné les annales des braves.

Le ministre de Glenorquhy quitta Dunbarton immédiatement après avoir été témoin de la dernière scène de ce triste drame. Sa raison reconnaissait la justice de la sentence qui avait voulu que le sang fût payé par le sang, et il convenait que le caractère vin-