Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/156

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tait lié presque avec personne. Son père, il est vrai, avait été renomme par sa force et son courage, mais il était d’un clan rompu, nom donné à ceux qui n’avaient point de chef pour les conduire au combat.

Il aurait été presque impossible, dans tout autre cas, de faire sortir des rangs le détachement nécessaire pour l’exécution de la sentence ; mais les six individus choisis pour cet office étaient amis du défunt et descendaient comme lui de la race de Mac Dhonnil Dhu ; et ce ne fut pas sans le plaisir amer de la vengeance qu’ils se préparèrent à remplir la triste tâche que le devoir leur imposait. La première compagnie du régiment défila hors de la porte, et fut suivie des autres, qui s’avancèrent successivement, et s’arrêtèrent selon les ordres de l’adjudant, de manière à former trois côtés d’un carré long, les soldats faisant face à l’intérieur du carré. Le quatrième côté, qui était vide, était fermé par le rocher escarpé sur lequel le château s’élève. Au centre du cortège marchait la victime infortunée de la loi, nu-tête, désarmée, et les mains liées. Son visage était couvert d’une pâleur mortelle, mais son pas était ferme et ses yeux plus brillants que jamais. À son côté marchait le ministre : on portait devant lui le cercueil qui devait recevoir sa dépouille mortelle. Ses camarades avaient l’air grave et solennel. Malgré eux, ils étaient émus de pitié pour le malheureux jeune homme, dont les belles formes, l’air mâle, le maintien soumis et résigné avaient adouci, dès qu’il avait paru à leurs regards, les sentiments haineux dans le cœur même de ceux qui avaient été le plus animés contre lui.

Le cercueil destiné à recevoir le corps d’Hamish Beam fut placé au bout du carré, à environ une toise du pied du rocher qui s’élève à cet endroit aussi perpendiculairement qu’un mur de pierre, jusqu’à la hauteur de trois ou quatre cents pieds. On conduisit au même endroit le prisonnier, près duquel marchait toujours le ministre, s’efforçant de l’encourager et de lui prodiguer des exhortations et des consolations que le jeune homme paraissait écouter avec un respectueux recueillement. Le détachement qui devait faire feu entra dans le carré, marchant d’un pas lent et comme avec répugnance, et il se rangea sur une ligne en face du prisonnier, à cinq toises de distance à peu près. Déjà le ministre se disposait à se retirer : « Pensez, mon fils, à ce que je vous ai dit, et reposez vos espérances sur l’ancre que je vous ai donnée, lui dit-il : vous échangerez une courte et misérable existence ici-bas pour