Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/154

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

berait en son pouvoir, et ici il s’agissait d’un coupable qui s’était défendu les armes à la main, et qui avait tué dans la lutte l’officier chargé de l’arrêter. Il n’était guère possible de trouver un sujet qui eût mérité plus complètement le châtiment : aussi Hamish fut-il condamné à être exécuté sans délai. Tout ce que l’influence de son capitaine put obtenir en sa faveur fut qu’il mourrait de la mort d’un soldat, et non sur le gibet, comme il en avait été question d’abord.

Le digne ministre de Glenorquhy se trouvait par hasard à Dunbarton, par suite de quelques affaires ecclésiastiques, à l’époque de cette catastrophe. Il vint rendre visite dans la prison à son infortuné paroissien. Il le trouva ignorant sans doute, mais non obstiné, et les réponses qu’il en obtint, en causant avec lui sur des matières religieuses, furent telles, qu’elles lui firent regretter doublement qu’un esprit naturellement si noble et si pur fût resté sauvage et inculte.

Lorsqu’il eut pris une connaissance certaine du caractère réel et des dispositions du jeune homme, le digne ecclésiastique fit des réflexions pénibles et sévères sur sa propre timidité et sa fausse honte qui, provenant du mauvais renom attaché à la race d’Hamish, l’avaient empêché de porter des secours charitables à une brebis égarée. Tandis que le bon ministre se reprochait ce qu’il appelait sa lâcheté, lâcheté qui l’avait détourné, par une considération personnelle, d’une démarche qui eût peut-être sauvé une âme immortelle, il prit la résolution de s’adresser aux officiers supérieurs, et de faire tout ce qui serait en son pouvoir pour obtenir sinon le pardon, au moins un sursis pour un infortuné qui lui inspirait un intérêt extraordinaire, tant par la docilité de son caractère, que par la noblesse et l’élévation de son âme.

Le ministre alla donc trouver le capitaine Campbell à la caserne. Le front de Green Colin était couvert d’une sombre mélancolie, qui ne fit que se rembrunir lorsque le ministre lui eut appris son nom, la qualité et le motif de sa visite. « Vous ne pouvez rien me dire de ce jeune homme que je ne sois disposé à croire, répondit l’officier montagnard ; vous ne pouvez me demander de faire en sa faveur plus que je ne désire, plus que je ne me suis déjà efforcé de faire. Mais tout est inutile. Le général tient en partie des terres basses et en partie de l’Angleterre ; il n’a aucune idée de la fierté et du caractère enthousiaste qui, dans ces montagnes, mettent souvent aux prises de grandes vertus et de grands