Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/147

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

teur attentif aurait pu deviner que toutes ses actions étaient stimulées par une exaltation douloureuse. Il n’aurait pas manqué de remarquer combien de fois elle s’interrompait brusquement au milieu de chansons et d’airs qu’elle fredonnait probablement sans savoir ce qu’elle faisait, pour aller jeter un coup d’œil rapide à la porte de la cabane. Quel que fût l’état de l’âme d’Hamish, ses manières étaient totalement opposées à celles de sa mère. Après avoir fini de préparer et de nettoyer ses armes dans l’intérieur de la hutte, il s’assit devant la porte, et fixa ses regards sur la colline située vis-à-vis de la cabane, comme la sentinelle qui veille et attend l’approche de l’ennemi. Le milieu du jour arriva sans qu’il eût changé de posture. Une heure après, sa mère, debout près de lui, posa la main sur son épaule et lui dit, d’un ton aussi indifférent que si elle eût parlé de la visite de quelques amis : « Eh bien, quand les attendez-vous ?

— Ils ne peuvent être ici avant que les ombres du soir se soient allongées vers l’Orient, répondit Hamish ; et cela, en supposant que le détachement le plus proche, commandé par le sergent Allan Break Cameron, ait reçu un exprès de Dunbarton avec ordre de venir ici, ce qui est très-probable.

— En ce cas, entre encore une fois sous le toit de ta mère, et viens partager pour la dernière fois le repas qu’elle a préparé. Après cela, qu’ils arrivent, et tu verras si ta mère n’est qu’un témoin embarrassant et inutile au moment du danger. Ta main, quelque habituée qu’elle soit, ne saurait décharger ces armes aussi vite que je puis les charger. Non, je ne crains ni le feu ni le bruit du fusil, et les coups que j’ai tirés ont souvent été funestes.

— Au nom du ciel ! ma mère, ne vous mêlez point de ceci, s’écria Hamish ; Allan Break est un homme sage, dont le cœur est bienveillant, et qui descend d’une noble race. Peut-être obtiendra-t-il que nos officiers ne m’infligent pas une punition infamante ; et, s’ils veulent m’enfermer dans un cachot ou me fusiller, je n’ai rien à objecter à cela, j’y consens.

— Hélas ! te fieras-tu à leur parole, insensé que tu es ! Souviens-toi que la race de Hermid fut toujours flatteuse et perfide. Ils n’auront pas plus tôt chargé tes mains de chaînes, qu’ils dépouilleront tes épaules pour les flétrir à coups de verges.

— Épargnez-moi vos avis, ma mère, reprit Hamish d’un ton sévère ; je vous répète que mon opinion est arrêtée et mon parti pris.

Mais quoiqu’il parlât ainsi pour échapper aux persécutions