Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/113

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excursion, sa mère, offensée et irritée, lui avait montré à son retour plus de violence que de coutume ; ce qui avait éveillé en lui un sentiment de déplaisir si vif que ses joues et son front s’étaient couverts d’un nuage sombre. Comme elle persévérait dans sa colère déraisonnable, la patience du jeune homme s’épuisa. Il prit son fusil dans le coin de la cheminée, et, murmurant quelques paroles que son respect pour sa mère l’empêchait de prononcer à haute voix, il était sur le point de quitter la cabane où il venait à peine de rentrer.

« Hamish, lui dit sa mère, allez-vous encore me quitter ? »

Mais Hamish ne répondit qu’en regardant son fusil, dont il frottait la platine.

« Oui, frottez bien votre fusil, » dit Elspat avec amertume ; « je suis bien aise que vous ayez assez de courage pour le décharger, quand ce ne serait que sur un chevreuil. »

Hamish tressaillit à ce sarcasme non mérité, et n’y répondit que par un regard de colère. Elle vit alors qu’elle avait trouvé le moyen d’irriter son orgueil et de blesser son cœur.

« Oui, reprit-elle, regardez avec colère, autant qu’il vous plaira, une vieille femme, votre mère ; il se passera encore du temps avant que vous fronciez le sourcil devant le regard irrité d’un homme ayant barbe au menton.

— Paix, ma mère ! ou parlez de ce que vous connaissez, » dit Hamish plus offensé que jamais ; « parlez de la quenouille et du fuseau.

— Était-ce donc à la quenouille et au fuseau que je pensais quand je vous emportai sur mon dos à travers le feu de six soldats saxons, alors que vous n’étiez encore qu’un faible enfant ? Je vous le dis, Hamish, j’ai connu cent fois plus d’épées et de fusils que jamais vous n’en connaîtrez, et vous n’apprendrez jamais de vous-même autant de choses sur le noble art de la guerre, que vous en avez vu lorsque vous étiez enveloppé dans mon plaid.

— Vous êtes déterminée au moins à ne m’accorder aucune paix à la maison, ma mère ; mais tout ceci aura une fin, » dit Hamish, qui, reprenant son premier dessein de quitter la cabane, se leva et marcha vers la porte.

« Restez ici, je vous l’ordonne, s’écria Elspat : restez, vous dis-je, ou puisse l’arme que vous portez devenir l’instrument de votre perte ! puisse la route que vous allez parcourir devenir pour vous celle du trépas !