trop savoir comment m’y prendre, de lui témoigner ma surprise de ce qu’elle avait choisi une habitation aussi solitaire et aussi délabrée. Elle coupa court à ces marques de compassion par ces mots prononcés d’une voix sombre et sans changer de contenance : « Fille de l’étranger, on vous a raconté mon histoire. » Je fus à l’instant réduite au silence, et je sentis combien tout ce que la terre peut offrir d’aisance devait paraître misérable à l’esprit préoccupé de méditations aussi sévères. Sans oser renouer la conversation, je tirai une pièce d’or de ma bourse ; car Donald m’avait fait entendre qu’elle vivait d’aumônes, et je pensai qu’elle étendrait au moins la main pour la recevoir. Mais elle ne refusa ni n’accepta le don : elle ne parut pas même le remarquer, quoique probablement il valût vingt fois celui qu’on lui offrait ordinairement. Je fus obligée de le déposer sur ses genoux, et je prononçai involontairement ces paroles : « Puisse Dieu vous pardonner et vous soulager ! » Je n’oublierai jamais le regard qu’elle lança vers le ciel et le ton avec lequel elle prononça ces paroles de mon vieil ami John Home :
Mon beau, mon brave enfant !
C’était le langage de la nature ; il partait du cœur d’une mère
privée de son enfant, comme il naquit de l’imagination du poète,
tandis qu’il prêtait à la douleur idéale de lady Randolphe les expressions
qui pouvaient la peindre le mieux.
CHAPITRE II.
le cateran.
Elspat avait vu des jours prospères, quoique, dans sa vieillesse, elle fût devenue la proie de chagrins et de malheurs contre lesquels il n’y avait plus ni consolations ni espérance à lui offrir. Elle