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sité naturelle chez la jeunesse, il oubliait l’humidité de ses vêtements. Semblable à un homme entreprenant qui médite une action hardie, il avait l’œil étincelant, les joues animées. « C’est un château très fort, et fortement gardé, » répondit-il enfin ; « mais il n’y a rien d’impossible pour des braves. — Y en a-t-il dans votre pays qui soient capables d’un pareil exploit ? » demanda le vieillard d’un ton un peu dédaigneux. — « C’est ce que je n’affirmerais point, répondit le jeune homme ; mais il s’y trouve des milliers d’hommes qui, pour une bonne cause, seraient assez hardis pour tenter l’entreprise. — Oui-da ! et vous même peut-être vous vous mettez du nombre ? — Il serait mal à moi de me vanter lorsqu’il ne se présente aucun danger ; mais mon père a fait une action tout aussi hardie, et je ne suis pas bâtard, j’ose le croire. — C’est très bien, » dit son compagnon en souriant ; « mais vous pourriez trouver à qui parler, et même des compatriotes ; car les archers écossais de la garde du roi Louis sont en sentinelle sur ces murs… trois cents gentilshommes des meilleures familles de votre pays. — Et si j’étais le roi Louis, je confierais entièrement la garde de ma personne à ces trois cents gentilshommes écossais ; j’abattrais ces énormes murailles pour combler les fossés ; j’appellerais près de moi mes pairs et mes paladins, et je vivrais comme il convient à un roi, faisant rompre des lances dans de brillants tournois, donnant des fêtes aux nobles pendant le jour, passant les nuits à danser avec les dames, et ne craignant pas plus un ennemi que je ne crains une mouche. »

Son compagnon sourit de nouveau ; et tournant le dos au château dont, dit-il, ils s’étaient un peu trop approchés, il le fit rentrer dans le bois par un sentier plus large et plus battu que celui par lequel ils étaient venus. « Cette route, dit-il, conduit au village de Plessis, et comme étranger, vous trouverez à vous y loger convenablement et à un prix raisonnable. À environ deux milles plus loin est la riante ville de Tours, qui donne son nom à cette riche et belle province. Mais le village de Plessis, ou Plessis du Parc, comme on l’appelle quelquefois à cause de sa proximité de la résidence royale et du parc, ou chasse, qui l’entoure, vous fournira un asile moins éloigné et non moins hospitalier. — Je vous remercie de vos renseignements, mon bon monsieur ; mais mon séjour ici sera si court que, pourvu que je trouve un morceau de viande à manger et quelque chose de meilleur que de l’eau à boire, mes affaires au village de Plessis, qu’on l’appelle