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plus fraîche qu’on ne la trouve généralement en France. Les arbres, dans cet endroit retiré, étaient principalement des bouleaux et des ormes gigantesques, qui s’élevaient dans les airs comme des montagnes de feuillage. Au milieu de ces magnifiques enfants de la terre, dans la partie la plus découverte, s’élevait une humble chapelle près de laquelle coulait un petit ruisseau. L’architecture en était grossière et du genre le plus simple ; à côté était une très-petite cellule qui servait de logement à l’ermite ou au prêtre, qui y remplissait les fonctions de son saint ministère. Dans une petite niche, pratiquée au-dessus de la porte, était une statue en pierre représentant saint Hubert, avec un cor passé autour du cou et deux lévriers à ses pieds. La situation de cette chapelle au milieu d’un parc ou chasse si bien peuplée de gibier, l’avait fait dédier au patron des chasseurs.

Le vieillard, suivi du jeune Durward, dirigea ses pas du côté de ce petit édifice consacré par la religion ; et comme ils en approchaient, le prêtre, revêtu de ses ornements sacerdotaux, sortit de sa cellule pour se rendre à la chapelle, sans doute afin de s’y livrer aux saints devoirs de son ministère. Durward fit au prêtre une inclination profonde, en signe de respect pour son caractère sacré, tandis que son compagnon, avec l’apparence d’une dévotion plus grande encore, mit un genou en terre pour recevoir la bénédiction de l’homme de Dieu, puis le suivit dans l’église avec une démarche et une contenance qui exprimaient la plus sincère contrition et la plus profonde humilité.

L’intérieur de la chapelle était orné d’une manière qui rappelait les occupations du saint patron lorsqu’il était sur la terre. Les fourrures les plus précieuses des animaux qui, dans différents pays sont l’objet de la chasse tenaient lieu de tapisseries et de tentures autour de l’autel et dans les autres parties de l’église, aux murs de laquelle étaient suspendus des écussons blasonnés de cors, d’arcs, de carquois et autres emblèmes de vénerie, écartelés de têtes de daims, de loups et d’autres animaux. L’ensemble des ornements avait un caractère forestier, et la messe elle-même, considérablement abrégée, pouvait être appelée une messe de chasse, messe qu’on célébrait devant les nobles et les grands, qui, en assistant à cette solennité, étaient ordinairement impatients de se livrer à leur divertissement favori.

Durant cette courte cérémonie, le compagnon de Durward sembla y prêter l’attention la plus entière et la plus scrupuleuse,