Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 19, 1838.djvu/484

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mêlée et gravit les décombres, afin d’aller mesurer ses armes avec celles du Sanglier des Ardennes. Ce dernier, comme s’il eût deviné l’intention du jeune Écossais, se tourna vers lui, la massue haute, et ils étaient sur le point d’en venir aux mains, quand des cris tumultueux de triomphe, auxquels se mêlaient ceux de la frayeur et du désespoir, annoncèrent que les assiégeants étaient entrés dans la ville par un autre côté, et qu’ils menaçaient de prendre à revers les défenseurs de la brèche. À ces cris d’alarme, de la Marck abandonna sa position, et rassemblant autour de lui, à l’aide du cor et de la voix, ceux qui voulaient partager son destin désespéré, il s’efforça d’effectuer sa retraite vers une partie de la ville d’où il pourrait gagner l’autre côté de la Meuse. Les soldats qui le suivirent formaient un corps considérable et bien discipliné ; et ces hommes farouches, n’ayant jamais accordé quartier à leurs ennemis vaincus, n’étaient nullement disposés à le demander. Dans ce moment de désespoir, ils se retiraient dans le meilleur ordre : occupant toute la largeur de la rue, de temps à autre ils faisaient face à l’ennemi, et parvenaient quelquefois à l’arrêter ; car plusieurs de ceux qui les poursuivaient commençaient déjà à chercher une occupation moins dangereuse en brisant les portes des maisons afin de les mettre au pillage. Il est donc probable que de la Marck, caché par son déguisement à tous ceux qui se promettaient des honneurs et de la gloire en faisant tomber sa tête, aurait pu s’échapper s’il n’eût été poursuivi par Quentin, son oncle le Balafré, et quelques-uns de leurs camarades. Chaque fois que les lansquenets s’arrêtaient, un combat furieux s’engageait entre eux et les archers, et chaque fois Quentin cherchait à joindre de la Marck ; mais celui-ci, qui n’avait d’autre but que d’effectuer sa retraite, semblait vouloir éviter un combat singulier. La confusion était générale : les cris des femmes, les horribles clameurs des habitants exposés à toute la licence d’une soldatesque effrénée, formaient un tumulte non moins épouvantable que celui du combat : on aurait dit que la voix de la douleur et du désespoir luttait avec celle de la violence et de la fureur, qui se faisait encore entendre avec force, quoiqu’elle s’éloignât de plus en plus.

À l’instant même où de la Marck, faisant sa retraite de cette scène d’horreur, venait de passer devant la porte d’une petite chapelle pour laquelle les habitants de Liège avaient une vénération toute particulière, les cris de « France ! France ! Bourgogne !