Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 19, 1838.djvu/482

Cette page a été validée par deux contributeurs.

geance. — À toi, jeune homme ! dit Dunois ; en vérité, cette demande est très-modeste ! Non, non ; ces sortes d’affaires ne peuvent se faire par substitution. » Et se tournant vers ceux qui l’entouraient : « Gentilshommes français, s’écria-t-il, formez vos rangs, abaissez vos lances ; marchons en avant ! Faisons pénétrer les rayons du soleil levant à travers les bataillons de ces pourceaux de Liège, de ces marcassins des Ardennes, qui se travestissent avec nos anciennes armoiries. »

Tous les chevaliers répondirent par de grands cris : « Dunois ! Dunois ! Vive le fils du hardi Bâtard ! Orléans, à la rescousse ! » et, entourant leur chef, ils chargèrent au grand galop. Ils ne rencontrèrent pas un ennemi timide. Le corps nombreux qu’ils chargeaient consistait entièrement en infanterie, à l’exception de quelques officiers à cheval. Le premier rang mit un genou en terre en appuyant le bout de leurs lances contre leurs pieds ; le second se courba légèrement ; et le troisième, présentant leurs lances par-dessus la tête de leurs compagnons, offraient à la charge rapide des hommes d’armes une résistance semblable à celle que le hérisson présente à son ennemi. Peu d’entre eux réussissent à se frayer un chemin à travers ce mur de fer ; mais Dunois fut de ce petit nombre. Donnant de l’éperon à son cheval, il fit faire à ce noble animal un bond de plus de douze pieds, et pénétra ainsi au milieu de cette phalange ; tout aussitôt il se précipita vers l’objet de son animosité. Mais quelle fut sa surprise en voyant encore Quentin près de lui et combattant au même rang ! La jeunesse, le courage excité par l’espoir, la ferme détermination de vaincre ou de mourir, avaient maintenu le jeune Écossais sur la même ligne que le plus illustre chevalier de ce temps, car telle était la réputation de Dunois en France et par toute l’Europe.

Leurs lances furent bientôt rompues ; mais les lansquenets ne purent résister aux coups de leurs longues et pesantes épées, tandis que les chevaux et les cavaliers, entièrement couverts de leur armure d’acier, sentaient à peine les coups qui leur étaient portés. Ils luttaient à l’envi l’un de l’autre, afin de pénétrer jusqu’au guerrier qui avait usurpé les armes de Dunois, et qui, entouré des siens, remplissait tous les devoirs d’un bon et vaillant capitaine, quand Dunois, en apercevant un autre dans la mêlée, qui portait sur sa tête une hure de sanglier garnie de ses défenses, dit à Quentin : « Tu es digne de venger l’insulte faite aux