Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 19, 1838.djvu/480

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l’attaque dirigée sur le quartier général du roi, placé au centre, et qui était chaudement repoussée, une troisième colonne de Liégeois, supérieure en nombre aux deux autres, sortie par une brèche plus éloignée, et s’avançant par de petits sentiers, des vignes et des chemins de traverse qui leur étaient bien connus, venait de tomber sur le flanc droit des Bourguignons : ces troupes, effrayées par leurs cris de : Vive la France ! Montjoie ! Saint-Denis ! mêlés à ceux de Liège ! Sanglier Rouge, et soupçonnant que les Français leurs confédérés les trahissaient, ne firent qu’une faible et imparfaite résistance, tandis que le duc écumant de rage, jurant, maudissant son seigneur suzerain et tout ce qui lui appartenait, criait qu’on tirât indistinctement sur tout ce qui était Français noirs ou blancs, faisant allusion aux écharpes blanches par lesquelles Louis avait voulu que ses soldats fussent distingués.

L’arrivée du roi, qui n’était suivi que d’une vingtaine d’archers, parmi lesquels figuraient Quentin et le Balafré, rétablit la confiance. D’Hymbercourt, Crèvecœur et d’autres généraux bourguignons dont les noms étaient alors l’orgueil de leur pays et la terreur de ses ennemis, se précipitèrent, pleins d’un noble dévouement, vers le lieu du combat ; et tandis que les uns se hâtaient de faire avancer les troupes les plus éloignées, auxquelles la terreur panique ne s’était pas encore fait sentir, les autres, se jetant au milieu de la mêlée, ranimaient l’instinct de la discipline. Le duc lui-même se mettant à la tête de ses soldats, combattit comme un simple homme d’armes. À cette vue, les Bourguignons reprirent peu à peu leurs rangs, et firent sur les assaillants un feu bien nourri. De son côté Louis se conduisait en capitaine plein de sang-froid, de calme et de sagacité, qui ne fuit ni ne cherche le danger ; il montra tant de prudence et une telle justesse d’esprit, que les chefs bourguignons eux-mêmes exécutaient comme à l’envi l’un de l’autre tous les ordres qu’il donnait.

Bientôt le combat devint une scène des plus horribles. Après une lutte acharnée à la gauche, le faubourg fut livré aux flammes, et cet immense, cet effroyable incendie n’empêchait pas qu’on s’en disputât encore les ruines. Au centre, les troupes françaises, quoique pressées par des forces immenses, faisaient un feu si continuel et si bien soutenu, que la lust-haus était entourée d’une couronne de lumière, semblable à l’auréole d’un martyr. Sur la gauche, le combat se soutenait avec des succès