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CHAPITRE XXXVI.

L’ATTAQUE.


Le malheureux moribond conserve encore quelque espoir, et chaque palpitation de son cœur déchiré lui dit qu’il peut survenir un heureux changement.
Telle qu’un rayon propice, l’espérance embellit et égaye le chemin de la vie ; de même lorsque la nuit nous entoure de ses ombres, sa lumière jette à nos yeux un éclat plus vif encore.
Goldsmith.


Peu de jours s’étaient écoulés lorsque Louis reçut, avec le sourire de la vengeance satisfaite, la nouvelle que son conseiller favori, le cardinal de la Balue, gémissait dans une cage de fer où il éprouvait le supplice de ne pouvoir se tenir ni debout ni couché, et où, soit dit en passant, il resta enfermé pendant près de douze ans sans que personne s’inquiétât aucunement de lui. Les troupes auxiliaires que le duc avait forcé le roi de lui fournir étaient arrivées, et Louis se consolait en pensant que, si elles étaient trop peu nombreuses pour lutter, s’il en avait eu le dessein, contre l’armée bourguignonne, elles suffisaient du moins pour le protéger, lui, contre toute violence de la part du duc. D’une autre part, il se voyait libre de reprendre dans un temps meilleur ses projets de mariage entre sa fille et le duc d’Orléans ; et quoiqu’il sentît combien il était humiliant pour lui de servir avec ses plus nobles pairs sous la bannière de son propre vassal et contre un peuple dont il avait favorisé la cause, il ne se laissa pas décourager par des circonstances aussi défavorables, espérant que l’avenir lui offrirait quelque dédommagement ; « car, » disait-il à son fidèle Olivier, « au jeu, le hasard peut amener un coup avantageux ; mais c’est la patience et l’expérience qui finissent par gagner la partie. »

Occupé de ces réflexions, le roi Louis, par un beau jour de la fin de l’été, monta à cheval ; et s’inquiétant peu qu’on le regardât comme faisant partie du cortège d’un triomphateur plutôt que comme un souverain indépendant environné de ses gardes et de ses chevaliers, il sortit de Péronne en passant sous la porte gothique de cette ville pour aller joindre l’armée bourguignonne qui commençait à se mettre en marche sur Liège.

La plupart des dames de distinction, qui étaient alors en grand