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il consentit à toutes les demandes du duc, aussi facilement et avec un air aussi empressé que s’il n’eût suivi d’autre impulsion que sa volonté particulière.

Il ne manqua pas, cependant, de s’indemniser de cette complaisance en se livrant à son humeur vindicative, et il en fit sentir les effets au cardinal de la Balue, dont les conseils l’avaient déterminé à accorder une confiance si excessive à son puissant rival. Tristan reçut la double mission de porter aux forces auxiliaires qui devaient marcher sur Liège l’ordre de se mettre en mouvement, puis de conduire le cardinal au château de Loches et de l’enfermer dans une de ces cages de fer dont on assure qu’il était lui-même l’inventeur.

« Il est juste qu’il fasse l’épreuve de ses propres inventions, dit le roi ; il appartient à la sainte Église, et il ne nous est pas permis de répandre son sang. Mais, Pâques-Dieu, si son évêché, pendant un laps d’années, est resserré dans d’étroites limites, il en sera dédommagé par des remparts inexpugnables… Prends soin que les troupes se mettent en marche sur-le-champ. »

Peut-être Louis espérait-il, par ce prompt acquiescement aux demandes du duc, éluder la condition la plus désagréable que ce prince avait attachée à leur réconciliation. Mais s’il conçut un tel espoir, il connaissait encore bien peu le caractère de son cousin, car jamais homme ne se montra plus opiniâtre dans ses résolutions que Charles de Bourgogne, et ne fut moins disposé à se relâcher de ce que le ressentiment d’une injure qu’il croyait avoir reçue, ou l’esprit de vengeance lui donnait le droit d’exiger.

Louis n’eut pas plus tôt expédié les messages nécessaires pour mettre en marche les troupes qui devaient agir comme auxiliaires de la Bourgogne, que son hôte le requit de donner publiquement son consentement au mariage du duc d’Orléans avec Isabelle de Croye. Le roi l’accorda en poussant un profond soupir ; mais, bientôt après, il représenta avec douceur qu’il était convenable de consulter préalablement l’intention du prince.

« C’est un point qui n’a pas été négligé, répondit le duc de de Bourgogne. Crèvecœur a eu une entrevue à ce sujet avec monseigneur d’Orléans, et, chose étrange ! il l’a trouvé tellement insensible à l’honneur d’épouser une princesse du sang royal, qu’il a regardé la proposition de recevoir la main de la comtesse de Croye comme l’offre la plus agréable qu’un père eût pu lui faire. — Il n’en est que plus ingrat et plus coupable, dit Louis ;