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dans la forêt, et trouva aisément la hutte aux environs de laquelle Kleppler errait en paissant ; il siffla, et, à ce signal, l’animal accourut à lui. Cependant il fut quelque temps sans vouloir se laisser prendre, ouvrant les naseaux et lançant des ruades dès que l’étranger s’approchait. Enfin, la connaissance générale que Quentin avait des habitudes du cheval, jointe aussi peut-être à quelques remarques sur le caractère particulier de Klepper, ayant souvent admiré cet animal pendant le voyage qu’il avait fait avec Hayraddin, le mirent en état de prendre possession du legs que lui avait fait le Bohémien à ses derniers moments.

Long-temps avant que Durward fût rentré à Péronne, Hayraddin était allé là où la vanité de son affreuse croyance devait être mise à une épreuve décisive ; épreuve terrible pour celui qui n’avait témoigné ni remords pour le passé, ni crainte pour l’avenir !


CHAPITRE XXXV.

LE PRIX DE LA VALEUR.


La beauté doit être fière de se voir conquise par la meilleure lance.
Le comte Palatin.


Lorsque Quentin Durward arriva à Péronne, le conseil du duc de Bourgogne était assemblé, et le résultat de cette séance devait être beaucoup plus intéressant pour lui qu’il n’aurait pu le supposer : en effet, quoique composée de personnages dont le rang ne lui permettait guère d’imaginer qu’il pût jamais avoir avec eux la moindre communauté d’intérêts, cette réunion eut l’influence la plus extraordinaire sur sa destinée.

Le roi Louis, qui, après avoir pris grand plaisir à l’intermède de l’envoyé de Guillaume de la Marck, n’avait laissé échapper aucune occasion de cultiver le retour de confiance et d’amitié que cette circonstance lui avait valu dans l’esprit du duc, s’était occupé du soin de le consulter, ou, plus exactement peut-être, de recevoir son opinion sur le nombre et la qualité des troupes dont, comme auxiliaire du duc de Bourgogne, il devait se faire accompagner dans l’expédition faite en commun contre Liège. Il vit clairement que Charles, en n’admettant au milieu de ses troupes qu’un petit nombre de Français d’un rang distingué, avait l’intention de s’en faire des otages plutôt que des auxiliaires. Cependant, fidèle aux instructions que lui avait données Comines,