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Louis sans conditions ; mais que le duc ne devait tirer d’autre avantage de la situation de son royal prisonnier, que pour conclure entre les deux pays un traité juste et honorable ; en exigeant du roi des garanties telles, qu’il lui fût difficile de violer sa foi et de troubler à l’avenir la paix intérieure de la Bourgogne. D’Hymbercourt, Crèvecœur et plusieurs autres se déclarèrent hautement contre les mesures violentes proposées par Campo-Basso, et dirent qu’on pouvait obtenir par un traité des avantages plus durables et plus glorieux pour la Bourgogne, que par une action qui imprimerait sur le pays une tache honteuse, le manque de foi et la violation des lois sacrées de l’hospitalité.

Le duc entendit ces arguments les yeux fixés à terre et en fronçant les sourcils presqu’au point de les confondre. Lorsque Crèvecœur ajouta qu’il ne pensait pas que Louis fût complice de l’acte atroce de violence commis à Schonwaldt, Charles leva la tête, et lançant un regard sévère sur son conseiller : « Avez-vous donc aussi, Crèvecœur, entendu le son de l’or de France ? Il me semble que cet or sonne dans mon conseil aussi fort que les cloches de Saint-Denis. Qui ose dire que Louis n’ait pas été fauteur de la rebellion en Flandre ? — Mon gracieux maître, répondit Crèvecœur, ma main est plus habituée à manier le fer qu’à manier l’or, et je suis tellement convaincu que Louis est coupable de tous les troubles qui ont eu lieu en Flandre, que naguère je l’en ai accusé devant toute sa cour, et lui ai proposé un cartel en votre nom. Mais quoique ses intrigues aient été la cause première de toutes ces commotions, je suis si loin de croire qu’il ait autorisé le meurtre de l’évêque, que je me rappelle qu’un de ses émissaires a publiquement protesté contre cet assassinat. Je pourrais faire paraître cet homme devant Votre Altesse, si c’était son bon plaisir. — Oui, sans doute, c’est notre bon plaisir, s’écria le duc ; par saint George ! pouvez-vous douter que nous voulions agir autrement que d’après la plus exacte justice ? Même dans les accès de colère les plus violents, nous sommes connu pour juger toujours avec droiture. Nous verrons nous-même le roi Louis ; nous lui ferons connaître nos griefs, et la réparation que nous attendons de lui. S’il est reconnu innocent de ce meurtre, nous serons plus facile sur le reste ; s’il est coupable, qui osera dire qu’une année de pénitence dans quelque monastère isolé ne soit pas une sentence aussi miséricordieuse que juste ? Qui osera dire, » ajouta le duc en s’animant à mesure qu’il parlait ; « qui osera dire