Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 19, 1838.djvu/387

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toi de lui, et frappe-le au-dessous de la cinquième côte. Me comprends-tu ? — Oui, vraiment, Sire, je vous comprends ; mais Votre Majesté me permettra de lui dire que ce n’est pas tout à fait là ma manière de combattre. Bien au contraire ; je ne saurais tuer même un chien, à moins que ce ne fût dans la chaleur d’un combat, d’une poursuite ou d’un défi, ou dans toute autre circonstance semblable. — Mais, dit le roi, tu n’as sans doute pas la prétention de passer pour avoir le cœur tendre, toi qui, comme je l’ai ouï dire, as toujours été le premier à l’escalade, et qui t’es toujours montré avide des plaisirs et des avantages qu’un cœur dur et un bras qui ne craint pas de verser le sang savent recueillir dans une ville prise d’assaut. — Sire, l’épée à la main, je n’ai jamais craint ni épargné vos ennemis. Un assaut est une affaire où l’on se bat en désespéré, et où l’on court des risques qui échauffent le sang d’un homme à un tel point que, par saint André ! une heure ou deux ne suffisent pas pour le refroidir : c’est ce que j’appelle un droit bien acquis de se livrer au pillage. Dieu veuille avoir pitié de nous, pauvres soldats ! le danger nous fait tourner la tête, et la victoire nous la fait perdre davantage encore. J’ai entendu parler d’une légion qui n’était absolument composée que de saints : ils devraient bien s’occuper à prier et à intercéder pour le reste de l’armée et pour tout ce qui porte le panache et le corselet, le pourpoint de cuir et le sabre. Mais ce que Votre Majesté me propose est tout à fait hors de la route que je me suis tracée, quoique je doive convenir qu’elle est assez large. Quant à l’astrologue, si c’est un traître, qu’il meure de la mort des traîtres ; je ne veux m’en mêler en aucune façon. Votre Majesté a dans l’antichambre son grand prévôt et deux de ses gens ; cette affaire est de leur ressort ; il ne convient pas qu’un gentilhomme écossais de ma race et qui a vieilli au service s’en mêle en rien. — Tu as, ma foi, raison, Balafré ; mais du moins il est de ton devoir de veiller à l’exécution de ma juste sentence, d’empêcher qu’on n’y apporte interruption. — Je le ferai contre tout Péronne, Sire ; Votre Majesté ne doit pas douter de ma loyauté en tout ce qui peut se concilier avec ma conscience, qui, je puis le dire, est assez large pour ma propre convenance et pour le service de Votre Majesté. Je me souviens d’avoir fait pour vous certaines choses, et j’aurais plutôt avalé le manche de mon poignard que de les faire pour tout autre. — N’en parlons plus, et écoute-moi. Quand Galeotti aura été introduit, et la porte fermée sur lui, mets le