Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 19, 1838.djvu/342

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contre ceux dont les conseils l’avaient détourné du projet de déclarer la guerre le premier. Mais le conseil ayant été convoqué à la hâte, quelle fut notre surprise lorsque le héraut nous informa que Louis, roi de France, était à peine à une heure de marche, et qu’il arrivait derrière lui, pour rendre visite à Charles, duc de Bourgogne, avec une suite peu nombreuse, dans l’intention d’arranger leur différend dans une entrevue particulière. — Vous me surprenez, messieurs ; et cependant vous me surprenez moins que vous ne vous y seriez attendus peut-être. La dernière fois que j’ai été au Plessis-lez-Tours, le tout-puissant cardinal la Balue, mécontent de son maître, et Bourguignon au fond du cœur, m’a fait entendre qu’il saurait si bien tirer parti des faibles particuliers à Louis, qu’il l’amènerait à se placer lui-même, à l’égard de la Bourgogne, dans une position telle que le duc pourrait dicter les conditions de la paix. Mais j’avoue que jamais je n’aurais imaginé qu’un vieux renard comme Louis se fût laissé prendre au piège. Et que dit le conseil ? — Comme vous pouvez le présumer, répondit d’Hymbercourt, on y fit de longs discours sur l’honneur et la bonne foi, parlant fort peu des avantages que l’on pouvait retirer d’une semblable visite, quoiqu’il fût évident que cette dernière considération était celle qui occupait le plus la majorité des membres du conseil et qu’ils ne songeaient qu’à trouver quelque moyen d’en tirer parti tout en sauvant les apparences. — Et que dit le duc ? — Selon sa coutume, il parla d’un ton bref et décidé, dit d’Argenton : « Qui de vous, demanda-t-il, fut témoin de mon entrevue avec mon cousin Louis après la bataille de Montlhéry, et de l’imprudence avec laquelle je me mis à sa merci en le reconduisant jusque dans les retranchements de Paris, sans autre suite qu’une dizaine de mes gens ? » Je lui répondis que la plupart d’entre nous avaient été présents à cette entrevue, et que personne n’avait dû perdre le souvenir des alarmes qu’il lui avait plu de nous donner. « Eh bien ! reprit le duc, vous blâmâtes cette folie, et je vous avouerai que j’avais agi comme un jeune étourdi ; je sais aussi que mon père d’heureuse mémoire vivait encore alors, et que mon cousin Louis aurait trouvé beaucoup moins d’avantage à s’emparer de ma personne que je n’en trouverais aujourd’hui à m’emparer de la sienne. Mais n’importe, si mon royal cousin vient ici, dans la circonstance présente, avec la même sincérité de cœur qui me faisait agir alors, il sera accueilli en roi ; si, au contraire, il a l’intention, par cette apparence de confiance, de me circonvenir