Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 19, 1838.djvu/217

Cette page a été validée par deux contributeurs.

vés, car tu as fait plus de mal que n’en pourraient réparer ta vie et celle de toutes les personnes de ta troupe. Ah ! tu le veux donc, » ajouta-t-il en voyant Quentin s’avancer sur lui l’épée à la main, « eh bien ! reçois celle-là… »

En parlant ainsi, il déchargea sur le casque de l’Écossais un coup si vigoureux que jusqu’alors, quoique élevé dans un pays où ils étaient aussi fréquents que bien appliqués, Quentin n’avait jamais entendu parler d’une pareille estocade ailleurs que dans les romans. Il descendit avec la rapidité de la foudre, abattit la garde de l’épée que le jeune soldat avait élevée pour protéger sa tête, et fendit son casque, qui pourtant était à l’épreuve, au point de toucher ses cheveux, mais sans lui faire d’autre mal. Cependant Durward, étourdi et n’y voyant plus, tomba un genou en terre, et se fût trouvé pendant un instant à la merci du chevalier, si celui-ci eût voulu lui porter un second coup. Mais, soit compassion pour la jeunesse de Quentin, soit admiration pour son courage, soit par une générosité chevaleresque qui lui faisait dédaigner un combat qui cessait d’être égal, le vainqueur ne voulut pas profiter de ses avantages ; et bientôt Quentin, revenant à lui, se releva, et attaqua son adversaire avec l’énergie d’un homme déterminé à vaincre ou à mourir, et avec la présence d’esprit nécessaire pour ne perdre aucune chance favorable. Résolu de ne pas s’exposer de nouveau à des coups aussi terribles que celui qu’il avait déjà reçu, il mit à profit une agilité supérieure, qu’augmentait encore la légèreté relative de son armure, pour harasser son ennemi en l’attaquant tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, avec des mouvements si soudains et si rapides que celui-ci, dans cette seconde escarmouche, trouva difficile de se défendre sans éprouver beaucoup de fatigue.

Ce fut en vain que ce généreux adversaire cria à Quentin qu’ils n’avaient plus aucun motif de se battre, et qu’il lui répugnait de lui faire aucun mal. N’écoutant que le désir de laver la honte de sa défaite momentanée, Durward continua à l’assaillir avec la rapidité de l’éclair, le menaçant tantôt du tranchant, tantôt de la pointe de son épée, et ayant toujours l’œil tellement attentif aux mouvements de son ennemi, dont il avait déjà senti la force supérieure d’une manière si terrible, qu’il était toujours prêt à sauter en arrière ou de côté, pour éviter ses coups. « Que le diable soit de ce jeune fou aussi obstiné que présomptueux ! marmotta le chevalier ; il ne saurait donc se tenir tranquille à moins d’avoir la