Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 19, 1838.djvu/204

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et dans ces difficultés qui assiègent sans cesse tout prince forcé de connaître, au dedans des sujets rebelles, au dehors des ennemis puissants et invétérés. — Sire, répondit le philosophe, lorsque, sur votre honorable invitation, je quittai la cour de Buda pour celle du Plessis, ce fut avec la résolution de mettre aux ordres de mon royal patron tout ce que mon art peut lui offrir d’utile. — C’est assez, mon bon Martivalle, interrompit le roi ; je vous prie maintenant de faire bien attention à cette question. » Dépliant alors un papier qu’il tenait à la main, il lut ce qui suit : « Une personne engagée dans une contestation importante, qui paraît devoir être résolue soit par les lois, soit par les armes, désire en ce moment terminer cette affaire par le moyen d’une entrevue personnelle avec son antagoniste. Cette personne désire savoir quel sera le jour le plus favorable pour l’exécution d’un tel dessein ; quel pourra être le succès de cette négociation, et si son adversaire est disposé à répondre par la reconnaissance et la franchise à ce témoignage de confiance, ou s’il doit abuser de l’avantage qu’une telle démarche peut lui fournir l’occasion de saisir. » — C’est une question importante, » répondit Martivalle lorsque le roi eut terminé sa lecture ; « elle exige que je trace un planétaire, et que je la soumette sur-le-champ aux plus profondes réflexions. — Oui, mon bon père, vous qui m’avez fait naître à la science, faites-le ; et vous verrez ce que c’est que d’obliger un roi de France. Nous sommes déterminé, si les constellations ne s’y opposent point… et nos faibles connaissances nous portent à croire qu’elles approuvent notre projet… nous sommes déterminé à hasarder quelque chose en notre propre personne, pour arrêter ces guerres antichrétiennes. — Puissent les saints favoriser les pieuses intentions de Votre Majesté, et protéger votre personne sacrée ! dit l’astrologue. — Grand’merci, docte père ! En attendant, voici quelque chose pour augmenter votre précieuse bibliothèque. »

En parlant ainsi, le roi glissa sous un des volumes une petite bourse d’or ; car, économe jusque dans ses superstitions, Louis pensait avoir suffisamment acheté les services de l’astrologue au prix de la pension qu’il lui avait assignée, et se croyait en droit de faire usage de ses talents à un prix modéré, même dans les occasions importantes.

Louis ayant ainsi, pour employer une des expressions du barreau, payé les honoraires légitimement dus à son avocat consul-