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négligeait aucune précaution, avait à consulter un conseiller d’une autre espèce qu’Olivier le Diable, et que l’on regardait comme tirant sa science des intelligences célestes et de sa connaissance des astres, de même que l’on pensait, à en juger par les fruits, que les conseils d’Olivier étaient suggérés par le diable en personne.

Louis s’achemina donc, suivi de l’impatient Durward, vers une tour séparée du château de Plessis, dans laquelle était installé, avec beaucoup d’aisance et de splendeur, le célèbre astrologue, poète et philosophe, Galeotti Marti ou Martius, ou Martivalle, natif de Narni, en Italie, auteur du fameux traité De vulgo incognitis[1], et l’objet de l’admiration de son siècle et des panégyriques de Paul Jove. Il avait long-temps fleuri à la cour du célèbre Mathias Corvin, roi de Hongrie ; mais il s’était en quelque sorte laissé attirer par Louis, qui enviait au monarque hongrois la société et les conseils d’un sage qui passait pour si habile à lire dans les décrets du ciel.

Martivalle n’était pas un de ces pâles et ascétiques professeurs des sciences mystiques, dont les traits sont flétris, dont les yeux s’affaiblissent par leurs veilles nocturnes sur leurs fourneaux, et qui macèrent leur corps à force d’observer l’ourse polaire. Il se livrait à tous les plaisirs du grand monde, et, avant d’être devenu trop corpulent, il avait excellé dans les jeux de Mars et dans les exercices gymnastiques, aussi bien que dans le maniement des armes ; au point que Janus Pannonius a laissé une épigramme latine sur une lutte qui eut lieu entre Galeotti et un champion renommé dans cet art, en présence du roi de Hongrie et de toute sa cour, et dans laquelle l’astrologue fut complètement victorieux.

Les appartements qu’occupait ce sage, courtisan et guerrier tout ensemble, étaient beaucoup plus splendidement meublés qu’aucun de ceux que Durward eût encore vus dans le palais du roi ; les boiseries sculptées et ornées de sa bibliothèque, aussi bien que la magnificence déployée dans les tapisseries, montraient le goût élégant du savant Italien. De sa bibliothèque une porte conduisait dans sa chambre à coucher, et une autre à la tourelle qui lui servait d’observatoire. Une grande table en bois de chêne, placée au milieu de l’appartement, était couverte d’un riche ta-

  1. Des choses inconnues au vulgaire. La bibliothèque royale possède, dit-on, le manuscrit original de ce traité. a. m.