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il ne tarda pas à être mandé dans l’appartement de son capitaine, lord Crawford, où, à sa grande surprise, il se trouva encore en présence du roi. Après quelques paroles au sujet de la confiance dont il allait être honoré de nouveau, et qui lui firent craindre qu’il ne s’agît d’une faction semblable à celle qu’il avait faite au sujet du comte de Crèvecœur, ou peut-être de quelque service aussi peu de son goût, il fut, non-seulement rassuré, mais ravi, en apprenant qu’il avait été choisi pour, avec l’assistance de trois hommes placés sous ses ordres, et d’un guide, escorter de la manière la plus sûre, la plus commode et en même temps la plus secrète possible, les dames de Croye jusqu’à la petite cour de leur parent, l’évêque de Liège. On lui remit des instructions par écrit sur la conduite qu’il devait tenir dans les lieux où il ferait halte, et qui étaient en général des villages, des monastères et d’autres lieux éloignés des villes, ainsi que sur les précautions générales qu’il aurait à prendre, surtout aux approches des frontières de la Bourgogne. Enfin, il reçut toutes les indications nécessaires sur ce qu’il devait dire ou faire pour soutenir le rôle de maître d’hôtel de deux dames anglaises de distinction qui venaient de faire un pèlerinage à Saint-Martin de Tours, et qui allaient visiter la sainte ville de Cologne, afin d’honorer les reliques des sages monarques d’Orient qui étaient venus adorer Notre-Seigneur dans l’étable de Bethléem ; car c’était sous ce caractère que les dames de Croye devaient voyager.

Sans qu’il pût s’expliquer la cause de son ravissement, Quentin Durward sentit son cœur bondir de joie à l’idée qu’il allait se trouver si près de la belle habitante de la tourelle, et dans des circonstances qui lui donnaient des droits à sa confiance, puisque le soin de la protéger était presque exclusivement remis à sa sagesse et à son courage. Il ne s’éleva pas dans son esprit le moindre doute qu’il ne réussît à la conduire heureusement au terme hasardeux de son pèlerinage ; la jeunesse pense rarement aux dangers, et Quentin surtout, élevé dans une liberté complète, étranger à la crainte et plein de confiance en lui-même, n’y pensait que pour les braver. Il lui tardait d’être débarrassé de la contrainte que lui imposait la présence du roi, afin de pouvoir se livrer à la joie secrète dont cette nouvelle inattendue le remplissait, et qui excitait en lui des transports qu’il aurait été inconvenant de faire paraître en pareille compagnie.

Mais Louis n’avait pas encore fini avec lui. Ce monarque, qui ne