Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 19, 1838.djvu/194

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ports, la destinée de ce jeune homme sans amis est soumise à l’influence des mêmes constellations que la mienne. »

Quelle que fût son opinion sur les causes si hardiment assignées par le roi à la préférence qu’il accordait à un jeune homme sans expérience, Olivier n’osa point faire de nouvelles objections, sachant bien que Louis, qui pendant son exil s’était beaucoup occupé de la prétendue science de l’astrologie, ne voudrait écouter aucune raillerie qui tendrait à mettre en doute ses propres connaissances. Il se contenta de répondre qu’il espérait que le jeune homme remplirait fidèlement une mission si délicate. « Nous aurons soin qu’il ne trouve point d’occasion d’en agir autrement, dit Louis : il ne saura rien autre chose, sinon qu’il est chargé d’escorter les dames de Croye jusqu’à la résidence de l’évêque de Liège. Quant à l’intervention probable de Guillaume de la Marck, il en saura tout aussi peu que les dames de Croye elles-mêmes. Personne ne connaîtra ce secret, excepté le guide : il faut donc que Tristan ou toi vous en trouviez un propre à servir notre dessein. — Mais dans ce cas, dit Olivier, si j’en juge par son air et par son pays, j’ai lieu de croire que le jeune homme recourra à ses armes dès qu’il verra le Sanglier des Ardennes accourir contre ces dames, et il est très probable qu’il n’échappera pas aussi facilement aux défenses de celui-là qu’à celles du sanglier de ce matin. — S’il perd la vie, » répondit Louis avec un grand sang-froid, « saint Julien… béni soit son nom !… peut m’en envoyer un autre à la place. Que le messager soit tué quand sa mission est remplie, que le flacon soit brisé lorsque le vin est bu, ce sont deux événements aussi peu importants l’un que l’autre. Mais il s’agit d’accélérer le départ de ces dames, et ensuite d’insinuer au comte de Crèvecœur qu’il a eu lieu sans notre connivence, attendu que nous désirions les confier à la garde de notre beau cousin, ce que leur précipitation nous a empêché de faire. — Le comte est peut-être trop fin et son maître trop prévenu pour le croire. — Sainte Mère de Dieu ! quelle incrédulité ce serait pour des chrétiens ! Mais, Olivier, il faudra qu’ils nous croient. Nous mettrons dans toute notre conduite envers notre beau cousin le duc Charles une confiance tellement absolue et tellement illimitée, que douter de notre sincérité à son égard sous tous les rapports serait être pire qu’un païen. Je te dis que je suis tellement convaincu qu’il est en mon pouvoir d’inspirer à Charles de Bourgogne telle opinion qu’il me plaira lui donner de moi, que,