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qu’avec cette intention. Que serait la chasse si elle n’était pas assaisonnée de fatigues et de dangers ? — Entendez-vous cet étourdi ? reprit son oncle ; il est toujours le même ; il a toujours une réponse prête, une raison à donner, n’importe qui lui adresse la parole, n’importe de quoi il s’agisse. Je ne sais où il a acquis ce talent ; quant à moi, je n’ai jamais pu rendre raison de la moindre action de ma vie, si ce n’est celle de manger quand j’ai faim, de faire l’appel de mes hommes, et autres devoirs du service. — Et dites-moi, je vous prie, digne seigneur, » reprit le barbier royal en le regardant de dessous ses longs cils, « sur quelle raison vous appuyez-vous pour faire l’appel de votre troupe ? — L’ordre que m’en a donné mon capitaine, répondit le Balafré. Par Saint-Gilles ! je ne connais pas d’autre raison. S’il l’avait donné à Tyrie ou à Cunningham, il faudrait qu’ils le fissent également. — Cette cause finale est tout à fait militaire, dit Olivier. Mais, sire Balafré, vous serez sans doute bien aise d’apprendre que Sa Majesté est si loin d’être mécontente de la manière dont votre neveu s’est conduit à la chasse, qu’elle l’a choisi pour faire cet après-midi un service particulier. — L’a choisi lui ? » s’écria le Balafré avec une surprise extrême ; « vous voulez dire m’a choisi, moi, je pense ! — Je veux dire précisément ce que je dis, » répliqua le barbier d’un ton doux, mais péremptoire, « le roi a des ordres à donner à votre neveu. — Pourquoi ? comment cela ? Pour quelle raison choisit-il cet enfant, et non pas moi ? — Je ne puis vous en donner d’autre raison que votre propre cause finale, sire Balafré, tels sont les ordres de Sa Majesté. Mais, s’il m’est permis de hasarder une conjecture, il est possible que Sa Majesté ait quelque commission à lui donner qui convienne mieux à un jeune homme tel que votre neveu qu’à un guerrier aussi expérimenté que vous. Ainsi donc, jeune homme, prenez vos armes et suivez-moi : munissez-vous d’une arquebuse, car vous devez être mis en sentinelle. — En sentinelle ! répéta l’oncle. Êtes-vous bien sûr que vous ne vous trompez pas ? Les postes de l’intérieur n’ont jamais été confiés qu’à ceux qui, comme moi, ont servi douze ans dans notre honorable corps. — Je suis tout à fait certain des intentions de Sa Majesté, répondit Olivier, et je ne dois pas différer plus long-temps de les exécuter. Ayez la bonté d’aider votre neveu à se préparer pour son service. »

Le Balafré, qui n’était ni d’un mauvais naturel ni d’un caractère jaloux, s’empressa d’aider son neveu à s’équiper, prenant même