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taient son caractère et ses souffrances. Lorsque la restauration eut ramené Charles, le docteur Dummerar sortit de sa retraite et accourut au château de Martindale pour s’y réjouir de cet heureux événement.

Son arrivée au château en grand costume de ministre anglican, et l’accueil amical qu’il reçut de tout la noblesse du pays, n’ajoutèrent pas peu à l’alarme qui se répandait parmi ceux du parti dominant. Il est vrai que le docteur Dummerar, homme digne et respectable, n’avait pas conçu des désirs extravagants d’avancement et de promotion ; mais la probabilité qu’il serait réintégré dans la cure dont il avait été expulsé sous les prétextes les plus frivoles, effrayait le ministre presbytérien, qui ne pouvait être considéré autrement que comme un intrus. Les deux prédicateurs et leurs paroissiens avaient donc des intérêts et des sentiments totalement opposés, et il y avait là un obstacle bien plus insurmontable au projet de conciliation de lady Peveril.

Cependant, comme nous l’avons déjà fait entendre, le docteur Dummerar se conduisit dans cette occasion avec autant de modération et avec le même esprit de paix que le ministre presbytérien. Il est vrai que, dans le sermon qu’il prêcha dans la grande salle du château à plusieurs familles distinguées de cavaliers du voisinage, sans compter une foule d’enfants accourus du village pour voir le spectacle nouveau d’un ministre en soutane et en surplis, il s’étendit amplement sur l’abomination des différents crimes commis par le parti rebelle pendant ces derniers temps de malheurs, et il loua hautement le caractère pacifique et miséricordieux de la noble maîtresse du château, qui poussait la condescendance jusqu’à recevoir dans sa maison, à titre d’hôtes et d’amis, des hommes dont les principes avaient conduit évidemment au meurtre du roi, à la ruine et au massacre de ses fidèles sujets, au pillage et à la dévastation de l’Église de Dieu. Mais il tempéra cette sortie en ajoutant que, puisque la volonté du gracieux souverain qui venait de leur être rendu, et le désir de la digne lady Peveril étaient que cette race rebelle fût tolérée pendant un certain temps par les fidèles sujets du royaume, il était nécessaire qu’ils évitassent pour le moment tout sujet de discussion et de querelle avec les enfants de Sémeï ; et il termina cette exhortation à la patience en leur donnant l’assurance consolante que leurs adversaires ne pourraient pas s’abstenir long-temps de leurs œuvres de rébellion, et qu’alors le moment serait venu