Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/525

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votre pardon jusqu’à ce qu’on vous ait pardonné à vous-même. Par saint George ! j’ai juré que si jamais je mettais les pieds hors de cette prison maudite où l’on m’a envoyé, grâce à vous principalement, monsieur Bridgenorth, vous me paieriez les loyers de ce mauvais logement. Je ne frapperai personne dans sa maison ; mais si vous voulez bien ordonner à ce drôle de me rapporter mon arme, et faire avec moi un tour dans cette cour ténébreuse qui est ici en bas, vous verrez bientôt quelle chance peut avoir un traître contre un homme fidèle, et un puritain contre Peveril du Pic. »

Bridgenorth sourit avec beaucoup de sang-froid. « Lorsque j’étais plus jeune et que j’avais le sang plus chaud, répliqua-t-il, j’ai refusé votre cartel, sir Geoffrey ; il n’est guère probable que je l’accepte à présent que chacun de nous incline vers la tombe. Je n’ai pas épargné mon sang autrefois, et je ne l’épargnerai pas maintenant lorsque le besoin de mon pays l’exigera. — C’est-à-dire, quand l’occasion se présentera de trahir le roi. — Allons, mon père, dit Julien, écoutons au moins M. Bridgenorth : nous avons reçu asile dans sa maison ; et quoique nous le voyions maintenant à Londres, nous devons nous souvenir qu’il n’a point comparu aujourd’hui contre nous, lorsque peut-être son témoignage aurait donné une fâcheuse tournure à notre procès. — Vous avez raison, jeune homme, dit Bridgenorth ; et l’on devrait voir une preuve de ma sincère bienveillance dans mon défaut de comparution à Westminster, lorsque quelques mots de ma bouche auraient suffi pour éteindre à jamais la longue descendance des Peveril du Pic. Il ne me fallait que dix minutes pour aller à Westminster-Hall assurer votre condamnation. Mais aurais-je pu le faire, sachant comme je le sais à présent, que c’est à toi, Julien Peveril, que je dois la délivrance de ma fille, de ma chère Alice, souvenir unique de sa pauvre mère ; que tu l’as soustraite aux pièges que l’enfer et l’infamie avaient ouverts sous ses pas ? — Elle est, j’espère, en sûreté, » dit Julien avec chaleur, oubliant presque la présence de son père ; « elle est, je l’espère, en sûreté, et sous votre propre garde ? — Pas sous la mienne, » répondit le malheureux père, « mais sous celle d’une personne en la protection de qui, après celle du ciel, je mets le plus de confiance. — En êtes-vous sûr, en êtes-vous bien sûr ? répéta Julien avec vivacité : « je l’ai trouvée entre les mains d’une femme à qui elle avait été confiée, et qui cependant… — Était la plus vile