Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/426

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que côté desquels étaient différentes cellules, pour se rendre à celle qui devait le recevoir.

Tandis qu’ils cheminaient dans cette triste région, le porte-clefs laissait de temps à autre échapper des exclamations : « Ma foi ; il faut que monsieur soit fou ! il aurait pu avoir la meilleure chambre pour moitié moins cher, et il paie le double pour partager le sale réduit de sir Geoffrey. Ah ! ah ! sir Geoffrey vous est-il parent, s’il est permis de vous faire cette question ? — Je suis son fils, » répondit Peveril avec hauteur, espérant ainsi mettre un frein à l’impertinence du drôle ; mais celui-ci ne fit que rire plus fort qu’auparavant.

« Son fils ! Oh ! voilà le meilleur de l’affaire : vous qui avez une si belle taille, vous jeune homme de cinq pieds six pouces, fils de sir Geoffrey !… Ah ! ah ! ah ! — Trêve d’insolences ! dit Julien ; ma situation ne vous donne pas le droit de m’insulter. — Eh ! je ne vous insulte pas, » répondit le porte-clefs, modérant sa gaieté, peut-être parce qu’il se rappelait que la bourse du prisonnier n’était pas vide ; « je riais seulement de ce que vous disiez être fils de sir Geoffrey. Du reste, peu m’importe : il est savant l’enfant qui connaît son père. Mais voici la cellule de sir Geoffrey ; vous pouvez donc arranger ensemble cette affaire de paternité. »

En parlant ainsi, il le fit entrer dans une cellule eu plutôt dans une chambre servant de prison, mais assez propre, où l’on voyait quatre chaises, un lit à roulettes, et deux ou trois autres objets d’ameublement.

Julien chercha son père des yeux avec empressement ; mais, à sa grande surprise, la chambre lui parut absolument vide. Il se tourna vers le porte-clefs avec colère, et l’accusa de s’être moqué de lui ; mais le gaillard répliqua : « Non, non, maître, je vous ai tenu parole. Seulement votre père, si c’est le nom que vous lui donnez, est tapi dans quelque coin. Un petit trou lui suffit pour se cacher ; mais je vais vous le dénicher en un instant. Holà ! hé ! arrivez donc, sir Geoffrey ! Voici… Ah ! ah ! ah !… Votre fils, ou le fils de votre femme (car je pense que vous n’y avez pas beaucoup mis du vôtre), qui vient vous tenir compagnie. »

Peveril ne savait comment s’expliquer l’impertinence de cet homme. À vrai dire, l’inquiétude et la crainte de quelque étrange méprise se mêlaient trop à sa colère pour ne pas en neutraliser les effets. Il regarda encore de côté et d’autre, jusqu’à ce qu’enfin