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sur ma tête. Et pourtant, sans les défauts dont je me plains, comment aurais-je acquis sur eux ce pouvoir qui en fait entre mes mains des instruments passifs, même lorsqu’ils semblent le plus ne suivre que l’impulsion de leur propre volonté ? Oui, les dévots ont raison jusqu’à un certain point lorsqu’ils prétendent que tout est pour le mieux. »

Il peut paraître étrange qu’au milieu de ses divers sujets d’appréhension Christian n’eût jamais été plus ou moins tourmenté de l’inquiétude que la vertu de sa nièce deviendrait peut-être l’écueil contre lequel il échouerait ; mais c’était un misérable dépourvu de tout sentiment d’honneur, aussi bien qu’un libertin endurci ; et, en cette double qualité, il ne croyait nullement à la vertu des femmes.



CHAPITRE XXX.

CHARLES II.


Quant au Charles de John Dryden, j’avoue que ce roi ne fit jamais rien de bien merveilleux ; mais c’était un bon vivant, qui perdait gaiement la raison entre une bouteille et sa maîtresse.
Dr. Wolcot.


Londres, le grand point central des intrigues de toute espèce, réunissait alors dans son obscure et brumeuse enceinte la plus grande partie des personnages dont nous avons eu occasion de parler.

Julien Peveril, entre autres acteurs du drame, était arrivé, et s’était logé dans une auberge écartée, située au fond d’un faubourg. Ce qu’il avait de mieux à faire, selon lui, était de garder l’incognito jusqu’à ce qu’il eût eu une entrevue particulière avec les amis que l’on devait supposer être les plus propres à prêter secours à ses parents et à sa protectrice, au milieu des inquiétudes et des dangers dont ils étaient assaillis. Le plus puissant était le duc d’Ormend, dont les fidèles services, le haut rang, la vertu et le mérite conservaient encore un certain ascendant, même dans cette cour où, en général, on le regardait comme ne jouissant d’aucune faveur. À dire le vrai, Charles, dans sa conduite à l’égard de ce célèbre gentilhomme, serviteur dévoué de son père, paraissait avoir tellement la conscience de ses torts envers lui, que Buckingham prit une fois la liberté de demander au roi si le duc d’Ormend avait perdu les bonnes grâces de Sa Majesté,