Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/329

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donnant aux tapageurs de se retirer à l’instant, et les menaçant de punition s’ils n’obéissaient point.

« Nous demandons notre jeune maître, vieux fanatique, vieux bandit, répondit une voix : et si vous ne le rendez pas à l’instant, la pierre la plus élevée de votre maison ira rouler avec celles des fondements. — C’est ce que nous allons voir dans un moment, dit Bridgenorth ; car, si l’on frappe un coup de plus contre les murs de ma paisible maison, je fais feu sur vous : et que votre sang retombe sur votre tête ! J’ai ici une vingtaine d’amis tous armés de fusils et de pistolets ; et, avec le secours du ciel, nous ne manquons ni de moyens ni de courage pour punir les actes de violence auxquels vous pourriez vous porter. — Maître Bridgenorth, » répondit Lance qui, bien qu’étranger au métier de la guerre, était assez intelligent pour comprendre l’avantage que devaient avoir sur son parti des gens bien armés et à couvert ; « maître Bridgenorth, accordez-nous une entrevue à des conditions raisonnables. Nous ne voulons pas vous faire de mal ; rendez-nous seulement notre jeune maître. C’est bien assez que vous nous ayez pris le vieux et sa femme : un chasseur ne peut tirer sans indignité le cerf, la biche et le faon. Si vous voulez, nous vous donnerons sur-le-champ quelques éclaircissements à ce sujet. »

Ce discours fut suivi d’un craquement terrible qui se fit aux croisées du rez-de-chaussée, et qui résultait d’un nouveau plan d’attaque suggéré par quelques-uns des assaillants.

« J’accepterais les conditions de cet honnête garçon, et je laisserais aller le jeune Peveril, » dit quelqu’un de la garnison qui, en bâillant avec nonchalance, s’était approché du poste où se trouvait placé le major.

« Êtes-vous fou ? répondit Bridgenorth, et me croyez-vous assez dépourvu d’énergie et de bon sens pour renoncer aux avantages que je possède actuellement sur la famille de Peveril ; et cela par la crainte d’un tas de vauriens que la première décharge dispersera comme la paille chassée par un tourbillon ? — Sans doute, » répondit son interlocuteur qui était le même individu qui avait frappé Julien par sa ressemblance avec Ganlesse, « j’aime la vengeance comme vous ; mais nous pourrions l’acheter trop cher, si ces coquins s’avisaient de mettre le feu à la maison, ce qu’ils paraissent avoir envie de faire, tandis que vous parlementez à la fenêtre. Ils ont jeté dans le vestibule des torches et des brandons allumés ; et tout ce que nos amis peuvent faire, c’est d’empê-