Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/326

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couru, qu’elle fut obligée de se jeter dans les bras de Lance-Outram.

« Halte-là, ma brave fille, » dit-il, en lui donnant un baiser, « et apprends-nous ce qui se passe au château. — Milady vous ordonne, pour l’amour de Dieu et de votre maître, de ne pas venir au château, ce qui ne servirait qu’à faire répandre le sang. Elle dit que sir Geoffrey est légalement arrêté, et qu’il faut qu’il se soumette, qu’il est innocent de tout ce dont on l’accuse, qu’il va se défendre devant le roi et son conseil, et qu’elle part avec lui. D’ailleurs les coquins ont découvert la poterne, car deux d’entre eux m’ont aperçue comme j’en sortais, et ils m’ont donné la chasse ; mais je leur ai montré une bonne paire de talons. — Jamais meilleure coureuse n’a fait tomber la rosée des primevères, dit Lance. Mais qu’allons-nous faire ? s’ils se sont emparés de la poterne, je ne sais comment nous pourrons entrer. — Tout est fermé à clefs et à verroux dans le château, tout y est gardé au fusil et au pistolet, continua Cisly, et ils sont si attentifs, qu’ils ont manqué de m’attraper, comme je viens de vous le dire, lorsque je sortais pour vous apporter le message de milady. Mais ma maîtresse a dit encore que, si vous pouviez délivrer son fils, M. Julien, d’entre les mains de Bridgenorth, vous lui rendriez un grand service. — Quoi ! s’écria Lance, notre jeune maître est-il au château ? C’est moi qui lui ai montré à tirer sa première flèche. Mais, mon Dieu ! comment y entrer ? — Il est arrivé au château au milieu du tumulte ; mais le vieux Bridgenorth l’a emmené prisonnier à Moultrassie-House. Il n’y a ni foi ni ménagement à attendre d’un vieux puritain dans la maison duquel il n’est jamais entré ni flûte ni tambourin depuis qu’elle est bâtie. — Et qui a arrêté une mine qui promettait des merveilles, dit Ditchley, uniquement pour épargner quelques mille livres, quand il aurait pu devenir aussi riche que le lord de Chatsworth, et nourrir en même temps une centaine de bons garçons. — Eh bien ! donc, puisque vous êtes tous du même avis, dit Lance-Outram, nous irons relancer le vieux blaireau dans son terrier, et je vous garantis que Moultrassie-House n’est pas comme les châteaux des gens de qualité, dont les murailles sont aussi épaisses que celles d’une digue : vous n’y verrez que de misérables murs de briques, que vos pioches abattront aussi facilement que si vous frappiez sur un fromage. Hourra, encore une fois, pour Peveril du Pic ! À bas Bridgenorth et tous ces manants de têtes-rondes ! »