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Peveril tressaillit, car c’étaient là en effet les propres paroles de la comtesse ; mais il se remit à l’instant : « De quelque nature que soient les rapports qui vous ont été faits, dit-il, je soutiens qu’il ne peut en résulter contre moi aucune inculpation que l’on puisse prouver. Il n’existe pas sur la terre un homme plus éloigné que moi d’une pensée déloyale et plus étranger à tout projet de trahison ; et ce que je dis pour moi, je le dirai et le soutiendrai de tout mon pouvoir pour la noble comtesse à qui je dois mon éducation. — Péris donc dans ton opiniâtreté ! » s’écria Bridgenorth, et se détournant brusquement, il sortit de la chambre. Julien l’entendit descendre précipitamment l’escalier tournant, comme s’il se fût méfié de ses propres résolutions.

Le cœur oppressé d’inquiétude, mais plein de confiance dans la Providence qui gouverne tout et qui n’abandonne jamais celui qui est irréprochable et pur, Peveril s’étendit sur l’humble couche qui lui était destinée.



CHAPITRE XXV.

L’ATTAQUE.


Le cours de la vie humaine est changeant comme les vents inconstants et le ruisseau vagabond, ou comme la danse légère des feuilles d’automne agitées par la brise dont le souffle impétueux les pousse çà et là, tantôt leur faisant raser la terre, tantôt les enlevant dans les airs : ainsi le destin se joue capricieusement de l’homme, son éphémère et faible vassal.
Anonyme.


Tandis que vaincu par la fatigue et tourmenté par l’inquiétude, Julien s’endormait prisonnier sous le toit de son ennemi héréditaire, la fortune préparait sa délivrance par un de ces caprices soudains qui trompent les espérances et déjouent les calculs de l’esprit humain, et, comme elle se sert souvent d’agents fort étranges pour l’accomplissement de ses desseins, il lui plut d’employer en cette circonstance le personnage important de mistress Deborah Debbitch.

Excitée sans doute par le souvenir du temps qui n’était plus, cette duègne prudente et réfléchie ne se sentit pas plus tôt dans le voisinage des lieux où elle avait passé les beaux jours de sa vie, qu’elle se mit en tête d’aller faire une visite à la vieille femme de charge du château de Martindale, dame Ellesmère, qui, retirée depuis long-temps de son service actif, demeurait avec son neveu,